Praia do Futuro
Donato vient au secours de Konrad, un touriste allemand qui manque de se noyer au Brésil. Donato suit Konrad à Berlin...
OLD QUEER CINEMA
Ce qui frappe le plus dans le nouveau film de Karim Aïnouz (Madame Sata), c'est à quel point il est en décalage avec ce qui se fait actuellement dans le cinéma queer mondial. Et pas forcément dans le meilleur sens du terme. A plus d'un titre, Praia do futuro ressemble à ces films gays tels qu'on les faisait il y a vingt ans. Des personnages homosexuels solitaires, sans attaches familiales apparentes, à la sexualité sauvage et clandestine (on baise dans des voitures ou en se bousculant et se donnant des coups virils). Ce ne sont pas tant des clichés sur les homosexuels que de vrais clichés de cinéma. En ne manquant jamais une occasion de filmer ses acteurs nus ou torses nus (qu'est ce qu'on prend comme douches dans ce film !), en les filmant en transe, s'oubliant au ralenti dans des boites, dans des piscines ou en moto, ou encore en nous faisant le bon vieux coup de la scène romantique brutalement coupée sur une scène de sexe crue et choc, Karim Aïnouz compile tout ce qui faisait le cinéma gay des années 90, à l'heure des représentations brutalement réalistes du new queer cinema. Mais c'était tout de même il y a vingt ans, et Aïnouz, qui n'est pourtant pas un débutant, ne fait preuve d'aucune distance (ironique, conceptuelle ou même affective) envers ces lieux communs.
En la matière, Praia do futuro ne propose rien d'autre et semble complètement ignorer la récente apparition du new new queer cinema. On est ici plutôt face à du old queer cinema, qui manque autant de modernité que d'imagination. La trame amoureuse, même découpée en chapitres distincts, reste particulièrement classique et convenue. Des pistes intéressantes sont néanmoins lancées, qu'elles soient narratives (le transferts amoureux, la fraternité, le lieu de vie qui définit qui l'on est) ou formelles (les personnages sont parfois filmés comme étant détachés du reste du monde, sans frontières et presque sans lien avec le monde réel). Mais cela reste à la périphérie d'un film qui, s'il tient tout à fait debout, manque un peu trop de substance, de point de vue et de propos personnel.