Pour le plaisir

Pour le plaisir
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Pour le plaisir
France, 2004
De Dominique Deruddere
Scénario : Guy Zilberstein
Avec : François Berléand, Cécile Cassel, Lorànt Deutsch, Nadia Farès, Olivier Gourmet, Samuel Le Bihan
Durée : 1h22
Sortie : 14/07/2004
Note FilmDeCulte : *-----

On s’emmerde à Maubeuge. Si bien que pour impressionner sa frigide de femme, François, le garagiste, sur les conseils de son psy, Vincent, s’invente en meurtrier. Seulement, si les vertus orgasmiques du fantasme se révèlent fondées, une coïncidence veut que ce même soir, une crapule de la région, l’immonde Maurice Weckmann, passe l’arme à gauche, molesté à la clef à molette. Hasard? A moins que François l’ait vraiment tué? Ou Vincent? Ou encore Jean, l’apprenti mécanicien?

POUR LE PLAISIR, ON REPASSERA

On n’a pas fini d’être désolés pour la comédie populaire hexagonale. Infoutue de s’affirmer, d’oser, d’aller jusqu’au bout de sa potentielle folie et de la soutenir par un projet esthétique cohérent, elle n’a eu de cesse ces derniers mois (RRRrrrr!!!, Mariages!, Le P’tit Curieux, Les Amateurs…) de s’amollir jusqu’à l’insipide. Feu d’artifice mouillé du jour, Pour le plaisir résume à lui seul les derniers travers du genre. Partant d’une idée, certes classique, mais au demeurant loufoque et pas forcément stupide (quiproquos autour d’un meurtre, starification aveugle du meurtrier présumé par une foule tirée de son ennui), Dominique Deruddere empile les erreurs avec soin. Pas suffisamment intrépide pour imposer la vision tranchée d’un univers véritablement décalé, Deruddere se retrouve le cul entre les chaises du film noir dérangeant et de la fiction poujadiste de prime time. Ainsi, plutôt que de s’intéresser à l’étrange fascination de la foule pour le sang médiatique façon Nouveau Détective, Deruddere esquive les complications satiriques pour se vautrer dans la caricature méprisante et vulgaire de comptoir.

POUR LE PRIME TIME

Les habitants craignent Weckmann au point de souhaiter sa mort? Qu’ils le craignent pour de bonnes raisons: c’est une brute, bornée comme un mulet, violent sans raison (à peine effleure-t-on une justification sociale, qui a tôt fait d’être oubliée) et bête à manger du foin. Mieux: sa femme semble être shootée à la colle et ses mômes ont une GameBoy Advance rivée au bout des doigts. Et le réalisateur de caresser le populisme dans le sens du poil, glorifiant le sensationnalisme de la presse régionale, faisant de toutes ces femmes d’angoissantes dindes et de ces hommes de bons bougres rustauds et vicieux. On aime à penser que le scénario jouait à l’origine l’audacieuse, mais savoureuse, carte de l’ironie. Hélas, formatage télévisuel (Deruddere ne sait pas filmer le Nord et on ne compte plus ses champs/contre-champs en plans rapprochés), casting fatigué (on ne vous présente plus Lorànt Deutsch, les échanges Le Bihan/Farès font tellement peine à voir qu’on les jurerait extraits de bouts d’essai, et même Gourmet semble en roue libre) et musique impersonnelle aidant, le résultat final est à ce point saumâtre qu’il en frôle le nauséabond. L’apologie de la peine de mort, même si - on l’espère - non souhaitée, n’est pas loin. Vivement l’an prochain, que l’on puisse choisir entre Mariages! sur France 2 et Pour le plaisir sur TF1… afin, dépité, d’éteindre le poste!

par Guillaume Massart

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