Possessed

Possessed
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Possessed
Bulshin jiok
Corée du Sud, 2010
De Yong-ju Lee
Scénario : Je-yong Lee
Avec : Bo-yeon Kim, Sang-mi Nam
Photo : Min Kyu-Dong
Durée : 1h52
Note FilmDeCulte : *****-
  • Possessed
  • Possessed
  • Possessed

Hee-jin, une jeune étudiante, reçoit un appel de sa mère lui apprenant la disparition soudaine de sa sœur cadette So-jin. Un inspecteur se rend à leur domicile et conclut à une banale fugue. Mais Hee-jin est convaincue que la disparition de sa sœur est liée à la recrudescence des décès dans le quartier. Elle décide alors de mener sa propre enquête.

LE DIEU D'OSIER

Depuis que les fantômes japonais (et ceux qui se sont exportés en Corée ou en Thaïlande) sont retournés dans leur puit ou leur marais, on attendait un rebond de la part du fantastique asiatique, aux avant-postes du genre au tournant du siècle. Possessed, premier film d'un assistant de Bong Joon-Ho (Mother), apporte un premier et très encourageant indice. D'abord en laissant de côté, ou presque, le fantôme, usé par les incessantes resucées de ces dernières années et qui a droit à un break mérité. Ensuite en assemblant un patchwork d'influences qui aboutissent à un résultat enfin original. Comme The Chaser l'année passée, la structure de Possessed, dont le réalisateur a été à bonne école, est marquée par le brillant modèle de Memories of Murder. L'emprunt peut paraître opportuniste, participant à un nouvel académisme, mais quoi de plus naturel pour ce film de foi, de doute, et d'hésitation fantastique que d'emprunter les labyrinthes de points de vue du chef d'oeuvre de Bong Joon-Ho? La recette polar, ici appliquée à l'horreur, permet à la fois une efficacité maximale du suspens et un terrain de jeu adhoc pour les questions qu'il pose.

Lee Yong-Ju fait le portrait d'une société où le religieux est accroché à toutes les portes, christianisme ou chamanisme sur le même palier. Film sur la foi et l'absence de dieu dans le quotidien le plus trivial (un immeuble gris, quelques chers voisins), Possessed observe la naissance des miracles, en lévitation, l'étrange qui nait ici ou là (un héron dans un parc qui picore quelques dents) tandis qu'impies désarmés et croyants s'accrochant à leur foi comme à une bouée s'entredéchirent dans cette histoire de mystérieuse disparition. Là encore, Possessed offre à voir un décor relativement peu exploité en Asie, qu'il s'agisse du film de possession et d'exorcisme plus volontiers anglo-saxon, ou de son discours sur l'hybridation des religions en Corée. Comme nombre de productions coréennes, Possessed souffre d'un épilogue maladroit, trop longuet, qui aurait gagné en concision. Mais le long métrage, à l'imaginaire riche, les thématiques ambitieuses et la forme soignée (photo par ailleurs signée d'un des réalisateurs de Memento Mori), est à ranger sur le haut du panier d'une horreur intelligente et qui aurait parfaitement sa place en salles.

par Nicolas Bardot

En savoir plus

Possessed a été présenté en compétition au Festival de Gérardmer et sera diffusé mercredi 12 octobre et dimanche 16 octobre dans le cadre du Festival Coréen du Film à Paris.

Commentaires

Partenaires