Ponyo sur la falaise

Ponyo sur la falaise
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Ponyo sur la falaise, près de la mer
Gake no ue no Ponyo
Japon, 2008
De Hayao Miyazaki
Scénario : Hayao Miyazaki
Sortie : 08/04/2009
Note FilmDeCulte : ******
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Petite princesse poisson rouge, Ponyo veut devenir humaine à tout prix. Elle rencontre un jeune garçon de cinq ans, prénommé Sosuke.

LES CONTES DE LA LUNE PLEINE APRES LA PLUIE

Il y a dix ans ou presque sortait en France, dans un fond de poubelle, Mon voisin Totoro, féerie astrale d'un magicien encore inconnu. Quelques temps auparavant, Porco Rosso avait réussi à se glisser dans les salles françaises, passage salué par un bide noir. Miyazaki est alors un objet précieux de contrebande pour quelques fans qui espèrent à peine voir le talent du maître japonais reconnu chez nous. Princesse Mononoke et Le Voyage de Chihiro sont passés par là et ont imposé Miyazaki sur la scène internationale comme un des grands cinéastes de notre temps, et au-delà. Mais jusqu'où exactement? Extases dans le ciel, parades merveilleuses, l'imaginaire de Miyazaki ne semble avoir aucune limite, pourtant, Le Château ambulant présentait quelques signes de fatigue. L'univers paraît plus boursouflé, enfonçant certes à peu près toute concurrence dans le domaine de l'animation, mais ce dernier effort ne distille pas la même ivresse d'apesanteur. Comment, au sommet des sommets, Miyazaki peut-il se réinventer? Peut-être en revenant aux sources. Ponyo sur la falaise délaisse, en tout cas dans sa première moitié, l'intrigue complexe du Château... pour revenir à la pureté d'un Totoro. Il n'y parvient pas totalement, le film connaissant d'ailleurs quelques légers problèmes de narration dans sa seconde partie. Miyazaki, ensuite, s'accroche à ses crayons: dans un monde de 3D qui a justement fait son incursion, par touches discrètes, dans les derniers longs métrages du cinéaste, Ponyo détonne... mais pas tant que ça. Car la 2D chez Miyazaki s'impose réellement comme une évidence, installant toute sa tendresse, toute sa mélancolie, toute sa poésie, en trois décors crayonnés et un ciel de vanille - le film, lui, est une splendeur à faire grandir les yeux.

Aux cieux enchantés d'hier succèdent les profondeurs maritimes, ressac fantastique et pêche miraculeuse. Ponyo fait parler sa magie au pays d'onde et de lune pleine, de tsunami poissonnier qui offre un nouveau morceau de bravoure dans la filmographie d'un réalisateur qui marche sur l'eau, souffle wagnérien revisité par un Joe Hisaishi inspiré, comme il convoquait, hier, Brahms ou Haendel dans Nausicaä de la vallée du vent. La patte Miyazaki est partout, du discours écologique au rôle des enfants en passant par l'ambivalence des personnages et l'animisme dans la moindre vaguelette. Mère absente dans Totoro, père en mer ici, destin de l'homme intimement lié au sort de la forêt - ou de la mer dans Ponyo, Miyazaki n'explore par vraiment de nouvelles pistes thématiques mais ouvre encore sa boite à fantasmes. Ponyo sur la falaise atteint presque le zénith solaire de ses meilleures oeuvres, nouveau témoignage d'un poète dont la grâce ne s'éteint pas.

par Nicolas Bardot

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