Pompoko

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Pompoko
Heisei Tanuki Gassen Pompoko
Japon, 1994
De Isao Takahata
Scénario : Isao Takahata
Avec : Gannosuke Ashiya, Yuriko Ishida, Shigeru Izumiya, Nijiko Kiyokawa, Norihei Miki, Makoto Nonomura
Durée : 1h59
Sortie : 18/01/2006
Note FilmDeCulte : ******

Les tanukis, facétieux ratons laveurs, mettent à profit leurs pouvoirs extraordinaires pour empêcher la destruction par l’homme de leur environnement vital.

MES VOISINS LES TANUKIS

Qu’il s’agisse de tranche d’Histoire (Le Tombeau des lucioles), de vie quotidienne (Kié la petite peste, Mes voisins les Yamada) ou de merveilleux (ce Pompoko), le Japon, d’hier ou d’aujourd’hui, est au cœur du cinéma d'Isao Takahata. Une terre qu’il explore sous toutes ses coutures effilochées, ici à travers le prisme de la fable écolo. Takahata, comme son indissociable comparse Hayao Miyazaki, se fait vert porte-parole de la défense de l’environnement en se nichant du côté des tanukis, sortes de ratons laveurs particulièrement couillus, cachés dans une forêt qui fond comme neige au soleil, mangeottée à la pelleteuse. Immersion prétexte – ces bestioles-ci ne sont là que pour mieux parler de leurs homologues dont les angoisses sont identiques, voir la scène où les tanukis s’infiltrent incognito dans la grande cité, marmite aliénante où humains et animaux se confondent. L’heure est à un certain retour aux sources, un refuge spirituel et un folklore qui rappelle le souvenir de racines pas si loin enfouies.

LES FANTOMES DU PASSE

Chez Takahata comme dans le bestiaire fantastique japonais en général, démons et fantômes n’ont pas forcément vocation à effrayer le villageois – les manifestations surnaturelles sont surtout des appels à la réconciliation entre les mondes, passé et présent, villes foisonnantes et racines rurales, hommes et animaux, matériel et spirituel. L’exemple le plus frappant est la reprise par le réalisateur du Cortège nocturne des cents démons, procession fantastique dont les illustrations multiples font partie de l’inconscient collectif japonais depuis des siècles. Takahata pioche dans l’iconographie de Katsushika Hokusai ou de Kuniyoshi Utagawa (auteur également de nombreuses représentations de tanukis), afin de dresser à l’écran une parade inouïe, d’un imaginaire aussi riche que les pics atteints par Miyazaki (Le Voyage de Chihiro en particulier), comme une parenthèse suspendue où la bobine se fait doux songe, instrument du merveilleux et de l’envoûtement dans leur forme la plus pure.

NATURE ET DECOUVERTES

"Si je ne crois pas qu'un film a le pouvoir de changer les choses, je pense qu'individuellement, on peut éprouver de la sympathie pour ces problèmes. […] J'essaye de donner à voir un chemin par rapport aux choix que les êtres humains doivent faire... J'espère secrètement qu'ainsi, quelques personnes, après la vision de mon film, par leur attachement émotif, se sensibilisent et seront encouragés à prendre des initiatives personnelles. Grâce au réconfort intérieur et à l'encouragement, des actions peuvent naître... Mais je ne crois pas qu'un film puisse changer le monde! Loin de là...". Pas de lourdes semelles didactiques donc, mais une conscience humaniste qui teinte de noir les gags de tanukis et l’onirisme poétique. Les ratons laveurs finissent parfois écrasés au bord de la route, et la fuite finale à bord d’un vaisseau mirobolant mène vers un paradis perdu. Comme un dernier renoncement amer derrière les facéties, une réconciliation spirituelle comme sacrificielle, aux sentiments mêlés de main de maître par un Takahata au sommet de son art.

par Nicolas Bardot

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