Pollock
États-Unis, 2000
De Ed Harris
Scénario : Susan Emshwiller, Barbara Turner
Avec : Jennifer Connelly, Bud Cort, Marcia Gay Harden, Ed Harris, Val Kilmer, Amy Madigan, Jeffrey Tambor
Photo : Lisa Rinzler
Musique : Tom Waits
Durée : 2h03
Sortie : 10/09/2003
Biopic du célèbre peintre américain, Jackson Pollock, de sa rencontre avec Lee Krasner jusqu’à sa mort.
AMERICAN IDOL
Cela faisait près de dix ans que Ed Harris mûrissait le projet d’adapter le livre Jackson Pollock: An American Saga et d’ainsi transposer au cinéma la vie de cet artiste qui le fascinait tant. Jackson Pollock, une icône figée devant sa gigantesque toile murale dans un numéro de Life Magazine en 1949. Le père fondateur de la peinture abstraite américaine, ambassadeur de toute une génération d’artistes du nouveau monde prêts à conquérir le vieux continent. Le premier à avoir détrôné en Europe les Miró, Picasso et autres Marcel Duchamp. En quelques mots: la première star de l’art américain. Un sujet à priori porteur pour une Amérique fière de ces hommes ayant contribué à doter le pays d’une identité culturelle, participant ainsi à son hégémonie mondiale. C’est au travers de longues années de recherche, d’une grande implication artistique et d’un travail minutieux que Ed Harris a réalisé ce film hommage. Il en ressort une œuvre solide, calculée, interprétée avec conviction par des acteurs de talent s’étant investit corps et âme dans des personnages hors norme. Traité sous forme de récit historique quasi linéaire, le film enchaîne les anecdotes et les faits importants de la vie de l’artiste. Ce Pollock aurait pu être alors le seigneur des Oscars de l’année 2001.
Seulement, contrairement à une Frida Kahlo, un Jean-Michel Basquiat ou un Vincent Van Gogh, la vie de Jackson Pollock s’avère peu trépidante. Le peintre se présente comme un homme bourru, emprisonné dans son art, ne sortant quasiment jamais de chez lui, la plupart du temps ivre, ne survivant que grâce aux efforts surhumains de sa femme, la peintre Lee Krasner. Voyageant de son atelier de New York à celui de Long Island, Ed Harris filme le temps qui passe a travers de longues séquences de peinture. Le film n’a alors d’intérêt que dans son récit historique, une sorte de reportage de deux heures parfaitement documenté sur les conditions d’émergence de ce nouvel art américain. De plus, si la qualité du travail de Ed Harris est irréprochable, ne laissant rien au hasard comme l’aurait fait Jackson Pollock, il est regrettable que le réalisateur ne se soit pas laissé allé à plus de fantaisie en utilisant une structure moins carrée et lisse pour accompagner l’esthétique emmêlée et rugueuse du peintre. L’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle remporté par Marcia Gay Harden se pose alors comme un bon point d’encouragement pour tout un film, qui somme toute résulte d’un travail impressionnant, mais qui se trouve plombé par un sujet trop pointu, traité de façon trop linéaire et peu attractif pour le grand public international.