La Planète des singes : Les Origines

La Planète des singes : Les Origines
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Planète des singes: les origines (La)
Rise of the Planet of the Apes
États-Unis, 2011
De Rupert Wyatt
Avec : Brian Cox, James Franco, John Lithgow, Andy Serkis
Musique : Patrick Doyle
Durée : 1h59
Sortie : 10/08/2011
Note FilmDeCulte : *****-
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San Francisco, de nos jours. Le chercheur Will Rodman tente d'éradiquer la maladie d'Alzheimer en testant un sérum sur une femelle chimpanzé. Après un incident, sa progéniture est récupérée et élevée par Will au sein de sa propre maison où habite également son père, atteint lui-aussi de la maladie. En grandissant, le singe baptisé César deviendra de plus en plus intelligent : le sérum Gen-Sys transmis génétiquement par sa mère a accru ses capacités cérébrales, lui permettant de percevoir le monde qui l'entoure et de communiquer par langage des signes. Mais suite à une agression sur un voisin, Will est forcé de faire enfermer César dans un refuge pour primates. Livré à lui-même parmi des dizaines d'autres singes, ramené au range de simple animal et maltraité par des gardiens sans scrupules, César développe des plans pour s'échapper. À l'aide de sa compagne Caroline, Will va tenter de l'arrêter avant que la situation ne dégénère. Mais César et ses semblables, contaminés par le virus 112 de Gen-Sys, mènent une révolte pour s'enfuir de la ville...

Malgré tout le bien que l’on peut penser, ou pas, des différents épisodes de la série initiée en 1968 par Franklin J. Schaffner, force est de constater qu’aucun d’entre eux, et surtout pas le lamentable remake de Tim Burton, n’a su retrouver la puissance évocatrice et iconique des meilleures scènes de l’original ni même rebondir sur son incroyable concept. Que ce soit en raison d’un scénario ridicule (Le Secret de la planète des singes), d’un manque de budget flagrant (La Conquête de la planète des singes) ou de choix artistiques incroyablement cons (il n’y a pas d’autre mot pour qualifier le remake), chaque nouvel épisode a un peu plus enterré une série qui, malgré tout, parvient à conserver un véritable culte auprès du public. Il aura donc fallu plus de quarante ans pour que, enfin, un réalisateur parvienne à rebondir efficacement sur le concept de l’original et à en tutoyer les sommets. L’origine de la planète des singes est tout simplement à ce jour le meilleur blockbuster de l’année, un budget limité (90 millions de dollars quand même), aux intentions sincères et prudentes, dont les différentes images ont réussi, au fil des mois, à tuer dans l’œuf les railleries déjà provoquées par l’annonce du projet. Quasi inconnu avant ce film, le réalisateur Ruper Wyatt a su transformer son blockbuster en un film premier degré, dénué de tous les tics du cinéma hollywoodien actuel, un film patient, qui prend le temps de présenter ses personnages, son intrigues, ses tenants, avant de lâcher du lest lors de la révolte finale.

L’histoire, on la connaît dès l’affiche, dès la lecture du titre : Ruper Wyatt conte les origines de la planète des singes, soit les événements qui ont conduit à la prise de pouvoir de la planète par les singes. Ainsi, le mythe, le réalisateur choisit de s’en détourner pour dépeindre un monde réaliste, où les êtres humains sont représentés par des personnages volontairement archétypaux qui en soulignent la décadence : l’homme d’affaire vénal, l’employé de zoo violent, le père atteint d’Alzheimer… L’Humanité, telle que présentée dans le film, touche à sa fin, idée présente en filigrane, qui reprend celle de l’extinction progressive de la civilisation telle que décrite dans le livre de Pierre Boulle. Face à ce panel, celui des singes, qui s’organisent, apprennent petit à petit, acquièrent une âme (magnifique idée renforcée par la profondeur de leurs yeux verts). Tout le film est là, dans cette calme confrontation entre deux civilisations : l’une à ses balbutiements tandis que l’autre connaît son crépuscule. Si la révolte gronde, cette confrontation est avant tout un combat de personnages, dans un film qui, on l’a dit, prend le temps de les présenter. Si le spectateur parvient à s’identifier durant cette révolte, c’est justement parce qu’avant de la lancer, cette révolte est sans cesse repoussée, laissant le temps au réalisateur d’aller au bout de son histoire et de ses possibilités. C’est à la fois la force du film (parvenir à conter une histoire) et sa limite (le film ne s’échappe guère de la ligne droite qu’il se dicte). Quoi qu’il en soit, quand la fameuse révolte arrive enfin, monstrueuse et brutale, exemplaire dans sa mise en scène et sa gestion de l’espace même si filmée sans véritable génie, il ne reste plus qu’à constater l’effarante supériorité des singes sur l’homme.

par Anthony Sitruk

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