Pink
Corée du Sud, 2012
De Soo-Il Jeon
Scénario : Soo-Il Jeon
Avec : Kap-Suk Seo
Durée : 1h37
Sortie : 23/10/2013
Par un matin pluvieux, Su-jin arrive dans un bar nommé Pink, situé dans un endroit désolé, entre terre et mer. Sa nouvelle patronne, Ok-ryeon, habite ici depuis une dizaine d’années avec son fils mutique, Sang-guk. Quand le quartier est promis à une destruction prochaine, Ok-ryeon confie son bar et son enfant à Su-jin, pour se joindre à la lutte des habitants...
ON ENTEND DIRE QUE TOUT N'EST PAS ROSE
L'âge d'or où les grands films coréens sortaient à la queue leu leu sur les écrans français est révolue, et si de nouveaux noms continuent à brillamment émerger en festivals, seuls quelques cinéastes stars semblent assurés de trouver un écho chez nos distributeurs sans finir directement dans la case dvd. Or les films de Jeon Soo-il, moins connu ici que pas mal de ses compatriotes, sortent aussi chez nous. On avoue ne pas toujours s'en être rendu compte. Et en découvrant Pink, on avoue aussi trouver ça dommage qu'il puisse sortir alors que des long-métrages nettement plus réussis tels que Bedevilled n'ont pas cette chance.
Pink n'est pas un film horrible. Mais c'est un film diablement exigeant. Il en faut de la patience pour ne pas se décourager face à la première moitié du film, terne et lente, à base de pluie à travers les carreaux et de bribes de conversations s'étirant dans le vide. Le long métrage fait beaucoup d'efforts pour ne pas se donner facilement, et ce jusqu'à devenir presque pédant. Et pourtant subrepticement (presque subliminalement), certaines scènes viennent réveiller l'attention. Les fugaces apparitions fantomatiques d'un vieil homme que seule l’héroïne semble voir sont ce que le film réserve de meilleur, car elles offrent enfin un élément de surprise dans les rouage trop prévisibles du quotidien jusqu'ici dépeint.
L'autre bonne surprise c'est que ces scènes apportent un sous-texte assez glauque qui vient en quelque sorte piétiner la folie douce un peu gnan-gnan qui caractérisait le film. Un grand garçon courant tout nu sur la plage, un gamin surprenant "cocassement" sa mère en plein coït… ces blagounettes avaient quelque chose de trop naïf et injustifié pour être à eux seuls le support de la singularité du film. Il faut attendre jusqu’au bout pour voir épaissir le mystère qui manquait un peu trop jusqu’ici, mais cela donne l'impression désagréable que le film ne traite de son vrai sujet que lors du dénouement (d'ailleurs ne lisez pas le pitch officiel disponible sur le site du festival, il spoile sans vergogne). Problème: mises bout à bout, ces scènes équivalent à environ dix minutes de film. C'est un peu ridiculement court.