Pingpong

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Pingpong
Allemagne, 2006
De Matthias Luthardt
Scénario : Meike Hauck, Matthias Luthardt
Avec : Clemens Berg, Marion Mitterhammer, Falk Rockstroh, Sebastian Urzendowsky
Durée : 1h29
Sortie : 24/01/2007
Note FilmDeCulte : ****--

Paul, 16 ans, arrive sans prévenir dans la famille de son oncle. Ayant perdu récemment son père, il est à la recherche d'un monde idéal, et s'immisce dans l'univers de cette famille apparemment parfaite. Après lui avoir réservé un accueil sceptique, Anna, sa tante, se rapproche de lui peu à peu. Paul est attiré par elle. Ce n'est que trop tard qu'il réalise qu'il a été manipulé et qu'il est complètement à sa merci.

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L'insolante forme du jeune cinéma allemand a de quoi rendre jaloux. En l'espace de quelques semaines, trois films sont venus confirmer la vitalité de la pourtant si fragile économiquement nouvelle vague allemande. Montag, d'abord, représentant le plus implacable du trio, vertigineuse expérience de funambulisme narratif, qui impressionnait de rigueur et de justesse. Vint ensuite le plus périlleux Requiem, qu'une direction d'acteurs d'exception et une mise en scène délicate tenaient éloigné de la tentation du grotesque, qui menaçait la narration. Pingpong, aujourd'hui, creuse un autre sillon, qui ne répond ni à l'austérité ascétique de Montag, ni à celle, religieuse, de Requiem. La rigueur y est pourtant toujours de mise, mais sur un mode plus léger, sinon ludique. Lancé sur un mode narratif classique (Théorème chez les bourgeois allemands et inceste neveu/tante), le film de Matthias Luthardt s'applique en effet à jouer avec et déjouer progressivement les attentes, réinventant du même coup un art du détail pernicieux hérité chez Chabrol.

Ainsi, si les indicateurs classiques des divisions de classe répondent tous présents à l'appel (mépris pour l'échec, loisirs segmentant - ici le piano ou la piscine privée, opulence briochée des petits déjeuners, etc.), la charge survient inopinément, par des voies détournées. Zoophilie, alcoolisme adolescent, non-dits de bienséance... L'ordre familial et économique établi dissimule une pourriture qui ne se révèle qu'en coin. La mise en scène en témoigne, qui détourne habilement les effets attendus. Pour exemple, cette courte scène montrant Paul avançant à pas de loup, caméra à ses basques, dans le couloir menant à la salle de bain. Le bruit de la douche annonce le voyeurisme à venir. La porte, d'ailleurs, est déjà entrouverte. Pourtant, l'attendue nudité d'Anna ne se dévoilera pas: c'est son énorme chien, aussi gros qu'un homme, qui est lavé à grandes eaux. De cette image somme toute banale, la toilette d'un chien, Luthardt parvient à faire un instant d'impudeur foudroyant. D'ailleurs, Paul décampe, le rouge aux joues. Le trouble est mis, le ver est dans le fruit.

par Guillaume Massart

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