Festival de Gérardmer : Phil Tippett : Mad Dreams & Monsters
France, 2019
De Gilles Penso, Alexandre Poncet
Durée : 1h24
Animateur de stop motion, designer et réalisateur, Phil Tippett a donné naissance à quelques créatures légendaires, de Jabba le Hutt aux insectes géants de Starship Troopers. Mais derrière ce brillant technicien hollywoodien, récompensé aux Oscars pour Le Retour du Jedi et Jurassic Park, il y a un artiste fou, qui passe ses journées à expérimenter dans son atelier avec tout ce qui lui passe sous la main. Bénéficiant d'un accès illimité aux collections et aux archives de Tippett Studio, ce documentaire étudie l'héritage de Phil Tippett, depuis sa collaboration avec George Lucas jusqu'à des œuvres plus personnelles.
ET L'HOMME CRÉA LE MONSTRE
À l'instar du Complexe de Frankenstein, le précédent documentaire de Poncet et Penso, déjà sélectionné au Festival de Gérardmer il y a trois ans, Phil Tippett : Mad Dreams & Monsters s'intéresse à l'une de ces petites mains qui œuvrent en coulisses, en amont et jusque sur le plateau et, depuis la révolution numérique, même après, à la fabrication d'un film. Et quels films! Pour toute une génération, et sans doute pour beaucoup de spectateurs qui ne s'intéressent pas aux noms des techniciens qui figurent au sein d'un générique de fin qui défile alors qu'ils sortent de la salle, Phil Tippett est l'un de ces hommes de l'ombre qui a forgé leur enfance. Des extra-terrestres de la Cantina de Star Wars jusqu'aux dinosaures de Jurassic Park qui ont failli mettre un terme à sa carrière, l'animateur est caché derrière les mouvements et parfois même le design de créatures cultes de notre imaginaire collectif. Adoptant une forme des plus classiques, le documentaire demeure toutefois touchant, notamment lorsqu'il montre la trace laissée dans le temps par le travail du bonhomme, que l'on prend plaisir à voir accompagné de ses vieux collaborateurs tout aussi grisonnants manipuler encore des figurines comme un enfant ou bien autoriser les enfants de jadis devenus grands et animateurs à leur tour à manipuler leurs illustres marionnettes. Outre l'éternelle confirmation que le cinéma est un art collaboratif, manifestée par un Phil Tippett plus modeste que jamais, le film montre bien comme ce métier cristallise à lui seul le processus tout entier de concrétisation d'un film, de l'idée qui donne naissance au dessin jusqu'à la création, parfois en grandeur nature de la chose imaginée, où l'animateur est non seulement créateur, technicien mais également acteur, l'artisan de nos rêves argentiques.