Peur(s) du noir

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Le frôlement rapide de pattes d’araignées sur une peau nue… Des bruits inexplicables que l’on entend la nuit, enfant, dans une chambre close… Une grande maison vide dans laquelle on devine une présence… L’aiguille d’une seringue qui se rapproche inexorablement… Une chose morte emprisonnée dans un bocal de formol… Le regard fixe d’un grand chien qui montre les dents… Autant de frissons que nous avons éprouvés, un jour ou l’autre, comme les artisans de ce voyage qui nous mène d’un trait au pays de l’angoisse. Six grands auteurs graphiques et créateurs de bande dessinée ont animé leurs cauchemars, griffant le papier de leurs crayons affûtés comme des scalpels, gommant les couleurs pour ne garder que l’âpreté de la lumière et le noir d’encre de l’ombre.

PEUR DU NOIR POUR CAUCHEMAR BLANC

A l’horizon hanté de ces Peur(s) du noir, de ses pages blanches noircies par de sombres tourments, pointaient tous les pièges du film à sketches collectif, ce chausse-trappe de l’exercice de style compassé, guêpier de la répétition, ou danger d’un ensemble souvent inégal. Peur(s) du noir balaie toutes les craintes d’un revers de main autoritaire, avant tout grâce à la liberté que chacun des auteurs s'est octroyée : différentes peurs, angoisses, cauchemars ou phobies, et autant d’expressions singulières pour le dire. Pas de contrainte de format, avec ces films qui parfois s'entremêlent comme des mauvais rêves marchant les uns sur les autres, exploitant des techniques graphiques différentes à chaque fois - l'impression de voir des copies d’élèves sur le même calibrage ne ressort jamais. La peur du noir donc, par quelques pointures qui tirent à peu près toutes leur épingle du jeu à travers ce ténébreux labyrinthe des fantasmes.

Burns et ses obsessions viscérales et maladives de métamorphose à la Black Hole (à partir d'un sujet antérieur à sa BD culte), la fascinante possession japonaise de Marie Caillou dont certaines scènes sont proprement merveilleuses (avec ses poupées douces et lisses confrontées à l’épouvante des yokai), les chiens enragés et le running gag absurde de Blutch, le conte à l’inquiétante mélancolie de Mattotti ou la maison hantée, visuellement bluffante, de McGuire jouent chacun sur un registre propre de hantise et explorent un imaginaire riche et poétique, quelques fantasmes obsessionnels ou archaïques portés par un sens du récit ultra stimulant. On pourra bien pointer quelques réserves sur la partie de Di Sciullo, un peu gadget, ou sur le doublage parfois un peu trop appuyé, mais le résultat est aussi ensorcelant qu’enchanteur, évoquant le principe d’un Creepshow (son collage pop de cauchemars BD), et relevant jusqu’à l’excellence le défi lancé : déplier un éventail de fantômes, cartographie fantasque de toutes les frousses, un vertige à plusieurs voix unies dans une fastueuse noce funèbre.

par Nicolas Bardot

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