Peter Pan
États-Unis, 2003
De Paul J. Hogan
Scénario : Paul J. Hogan
Avec : Richard Briers, Saffron Burrows, Rachel Hurd-Wood, Jason Isaacs, Harry Newell, Lynn Redgrave, Ludivine Sagnier, Jeremy Sumpter
Photo : Donald McAlpine
Musique : James Newton Howard
Durée : 1h53
Sortie : 04/02/2004
Wendy Darling est une jeune anglaise de douze ans qui adore raconter des histoires à ses deux plus jeunes frères John et Michael. La tante Melicent voit ceci d’un mauvais œil et suggère au couple Darling de tenir leur fille à l’écart de la nursery afin qu’elle devienne une femme. C’est ce soir là que Peter Pan décide d’emmener Wendy et ses frères au Pays Imaginaire pour leur faire découvrir un monde où les adultes n’ont jamais le dernier mot.
CONTE POUR ENFANTS
Cinquième adaptation cinématographique du personnage de Peter Pan, cette nouvelle version s’amuse à recréer avec intelligence l’atmosphère du conte pour enfants en opérant un retour vers ses sources. Pays Imaginaire baroque dirigé par le rythme de vie de son héros, cachant dans ses entrailles des enfants perdus finement dessinés et une communauté de fées fidèle aux œuvres de Barrie. C’est avec plaisir que l’on découvre un bal féerique d’une exquise splendeur et la réintroduction de la scène de résurrection de Clochette merveilleusement transposée pour le cinéma - là où la version de 1924 avait échoué et où les autres s’étaient tout simplement abstenues. Le public de la salle de théâtre auquel faisait appel Peter Pan dans sa version scénique est ici remplacé par l’humanité toute entière. Le message d’espoir et de croyance en ses rêves auquel tenait tant l’auteur est ainsi habilement préservé offrant une des plus belles scènes du film. Autre élément intéressant de cette adaptation, le personnage de Crochet, sombre à souhait. Jason Isaacs est magistral dans le double rôle de Monsieur Darling et du Capitaine. Homme à cheval sur les apparences mais peu sûr de lui pour le premier, il dégage un mélange entre volonté de respect et peur de l’autre. Un trait de caractère habituellement peu développé. Pour le second, regard de glace inquiétant dans une stature imposante il amène avec habileté les instants de faiblesses de son personnage lui donnant une plus grande ampleur. Sans tomber dans le comique Disneyen, ces passages à vide permettent de jouer autour du côté parodique du pirate traumatisé et sans cesse ridiculisé par un ennemi intouchable.
TU T’ENVOLES
A côté de ces qualités indéniables et jubilatoires, le film donne par moment une impression d’inachevé. Dans une volonté d’introduire du nouveau quasi moderne dans ce classique, Hogan lance des pistes souvent très intéressantes qui restent malheureusement en suspens. Là où le bal des fées et la romance supra développée entre Wendy et Peter (marque incontestable du réalisateur) font mouche, certaines autres idées se perdent dans le néant laissant derrières elles un goût d’incohérence ou d’inutilité. Pourquoi avoir fait des sirènes au look hype (merveilleusement travaillé par WETA), volontairement en contradiction avec l’esthétique habituelle des légendes, pour ne les utiliser que quelques secondes ? Pourquoi introduire une romance avortée entre John et Lily la Tigresse, alors que seul Peter, en régisseur de l’île, peut avoir les faveurs des femmes qui la peuple ? Pourquoi décider de coller à l’œuvre en créant une Clochette soi-disant muette et passer tout le film à la faire couiner ? Sans parler de sa gestuelle et de ses mimiques sans aucune subtilité. A vouloir trop en faire son personnage en devient grotesque ce qui est d’autant plus dommage qu’il n’y avait pas plus adéquat que Ludivine Sagnier pour jouer ce rôle. Autre performance regrettable, celle de Jeremy Sumpter en Peter Pan. Peu à l’aise avec les câbles qui le maintiennent dans les airs il donne l’impression de ne pas être en confiance. Allant ainsi à l’encontre du caractère de Peter. Son interprétation est alors à plusieurs reprises en décalage avec ses paroles rendant certains combats ridicules et le personnage principal peu crédible. Au final on trouve une œuvre un peu bancale. Aux purs moments d’excitations produits par la beauté électrique du spectacle s’opposent des sentiments de frustration et d’interrogation face à ces idées restées à l’état d’embryon.