Persona Non Grata
, 2003
De Oliver Stone
Avec : Yasser Arafat, Oliver Stone
Durée : 1h06
Sortie : 01/01/2003
En mars 2002, tandis que la situation se dégrade, Oliver Stone part avec une équipe réduite en Israël et dans les territoires occupés, afin d'interroger les différentes parties.
POUDRIERE
Trois ans après le faramineux L'Enfer du dimanche, Oliver Stone revient discrètement sur le devant de la scène avec son deuxième documentaire en moins d'un an. D'abord, il y eut l'excellent Comandante, consacré à Fidel Castro; maintenant, il y a Persona Non Grata, cette fois sur Yasser Arafat. Une fois de plus, Stone se pose en observateur avisé de l'état du monde. Au-delà des Etats-Unis où on l'attendait (surtout en ces temps de crise), le réalisateur de JFK fait le voyage en Israël pour tenter de démêler les fils d'une situation explosive. Comme le titre l'indique, Arafat manque à l'appel. La biographie filmée attendue est en fait un fascinant portrait en creux du leader palestinien. Du petit barbu, on ne verra qu'une très brève réunion avec des artistes occidentaux. C'est donc via les autres parties en présence que se dessinent les contours de la crise et le rôle central d'Arafat au milieu de la poudrière. Il y a tout d'abord les anciens premiers ministres israëliens, Perès, Netanyahu et Barak. A travers les entretiens fragmentés que Stone nous montre se dessinent trois personnalités: le sage Shimon, l'ironique Benyamin et le maladroit Ehud. Trois visions de la crise, trois visions du monde. Ensuite, il y a le Hamas, bouillant, et la brigade des martyrs d'Al-Aqsa, cagoulés, que Stone interroge avec candeur lors d'un entretien qui vire plus d'une fois à l'absurde ("Vous ne passez pas la journée assis avec vos masques?" demande Stone).
OLIVER LE CONQUERANT
Et au milieu de tout ce petit monde, se tient Oliver Stone, désormais moustachu, toujours aussi curieux, toujours aussi précis. Les bruits de couloirs de la Maison Blanche et du Pentagone ont cédé la place aux contradictions d'une crise ancestrale. En voyageant au Moyen-Orient, le cinéaste continue de fouiller ce qui l'a toujours intéressé: le choc entre la petite et la grande histoire, le pouvoir des gouvernants sur les peuples, et le poids des préjugés sur la balance de l'Histoire. Le montage cède à quelques reprises à la confusion, alignant par moments des tics hors de propos et légèrement démodés. Mais le fond est là. Après sa fiction sur Nixon, après son documentaire sur Fidel Castro, Stone se consacre à une nouvelle personnalité polarisante, véritable chaudron de passions. Et après Arafat viendra la méga-production Alexander, sur la vie du conquérant du même nom. Un autre budget, une autre époque, mais toujours la même ambition: regarder les puissants à hauteur d'homme.