Patlabor WXIII
Japon, 2002
De Takuji Endo
Scénario : Miki Tori
Durée : 1h40
Sortie : 01/01/2002
Deux détectives enquêtent sur un mystérieux monstre marin attaquant les labors dans la baie de Tokyo.
Petit précis à l’usage des néophytes. Née à la fin des années 90, la série Patlabor a rendu caduques plusieurs générations de robots géants, en reléguant la machine à un rôle secondaire. Adieu Tetsujin 28, Mazinger Z et autres fossiles combattants, voici l’ère des robots réalistes, les labors, destinés à une politique de grands travaux, le fameux projet Babylone. Le préfixe pat- est la contraction du mot anglais patrol (patrouille) ; le terme patlabor désigne la police responsable de ces labors. Première grande série multimédia, Patlabor a très vite envahi tous les supports existants. Du manga à la vidéo, de la télévision au cinéma, chaque média exploite une des facettes de l’univers complexe de Patlabor. Neuf ans après la sortie du deuxième long métrage, l’engouement au Japon est intact. Mamoru Oshii (Ghost in the Shell) ayant annoncé son retrait de la série en 1993, le projet a été confié à Takuji Endo, dont les partis pris narratifs et esthétiques dérouteront plus d’un fan. Reposant sur une trame rebattue et une ambition graphique revue à la baisse, Patlabor WXIII est loin d’égaler la perfection technique du second film. Alors que Mamoru Oshii avait créé un univers esthétique de toute beauté, modelant l’image par un choix étendu de contrastes et une utilisation savante des computer graphics, Endo ramène le film à une forme plane, mate et épurée (traits plus lâches, couleurs moins fouillées). Au regard du traitement de l’histoire et de ses personnages, Patlabor WXIII apparaît comme un parent bien éloigné de la série. Car tout, absolument tout, relève de l’anecdote.
L’équipe de Goto, personnage clé et récurrent, n’apparaît qu’au dernier tiers du récit. Noa et Asuma, déjà très peu présents dans le deuxième film, sont simples figurants dans Patlabor WXIII. A ceux qui s’attendent à un déluge de feux et d’action, le film oppose une sérénité et une distance presque désinvoltes. Accessoires de luxe, les labors sont les seuls indices révélant l’appartenance du film à la série. On retrouve néanmoins les thèmes chers à Oshii : aliénation, solitude urbaine, nature résistante… Dans Patlabor WXIII, l’humain a définitivement enterré la machine. Ni futur high-tech, ni débauche d’effets spéciaux. Concentré sur les gestes du quotidien, le film se refuse à tout acte de bravoure. Il est d’ailleurs peu surprenant de voir disparaître les personnages les plus fantaisistes de la série. Patlabor 2 revendiquait déjà un statut adulte, en mettant au premier plan Goto et Shinobu. Mû par la volonté d’innover la série, en la débarrassant de ses spécificités, Endo l’entraîne paradoxalement vers une forme et une intrigue plus classiques. Séduisant par son réalisme froid et sa lenteur mélancolique, le film déçoit par ses personnages, nouveaux venus transparents, dont on retiendra surtout la secrète Saeko Misaki. Mais c’est au fond le pari –osé- de ses concepteurs. Extraire de l’infiniment grand (l’univers de Patlabor) l’infiniment petit (le spectaculaire réduit à l’ordinaire).