Etrange Festival: Patchwork
Ellie, Madeleine et Jennifer, trois femmes aux caractères radicalement différents, sont enlevées après une soirée particulièrement arrosée et assemblées en une seule et même personne. Elles partent à la recherche du coupable, bien décidées à se venger…
TOUTES LES FEMMES DE TA VIE EN MOI RÉUNIES
Un savant fou kidnappe trois jeunes femmes, découpe leurs membres et les ré-assemble pour former une seule femme parfaite. Celle-ci se rebelle et décide de se venger violemment. Avec son horreur potache (le ton – par ailleurs très efficace - est clairement celui de la comédie) et son pitch faisant joyeusement fi de toute vraisemblance scientifique, cette surprenante variation sur le rape and revenge fait espérer le meilleur et craindre le pire du genre. En clair: Patchwork est-il féministe ou sexiste? De potiches sauvées par des puceaux aux garces qui l'ont bien méritée, le fantastique mainstream charrie hélas encore toujours son lot de personnages féminins sacrifiés, et à première vue, cette histoire de poupée humaine semble faite pour flatter les fantasmes des fanboys davantage que ceux des féministes en herbe. Oui mais.
Oui mais Patchwork est plus malin que ça. Tout d'abord car le film épouse entièrement le point de vue de son héroïne, et se révèle plutôt inventif dans sa manière de mettre en scène sa triple identité. Surtout, le scénario évite deux écueil liés au rape and revenge: l'héroïne n'est ni une furie montreuse (donc inhumaine) à la Glenn Close, ni un ange de pureté sans aucune personnalité (donc inhumaine aussi). Ni pute ni maman. L'une des meilleures trouvailles de la mise en scène est d'ailleurs la gaucherie irrésistible avec laquelle celle-ci se déplace avec ses nouveaux membres, se vautrant misérablement au moindre mouvement. Faire rire de, et avec, l’héroïne d'un rape and revenge? Il fallait le faire. Oui mais.
Oui mais Patchwork se tire un peu une balle dans le pied dans son dénouement. Le scénario, qui a l’honnêteté, tout du long, de traiter les personnages féminins et masculins avec la même moquerie amusée, s'empêtre dans le finalement-c'est-la-faute-à-qui, et-qui-a-merité-quoi. Le film perd alors in extremis son badge d'allié féministe (on aurait adoré voir un tel pitch traité par les sœurs Soska d'American Mary), mais l'effort reste remarqué. Le film reste un ride tout à fait appréciable, à la structure originale et ludique, et qui apporte autant de soin à son côté humoristique qu'à sa partie horrifique. Les cicatrices sont encore un peu visibles, mais en voilà, une greffe qui prend bien.