Paju
Après trois années passées en Inde, Eun-Mo revient à Paju, sa ville natale. Elle découvre que l'immeuble dans lequel elle habite est sur le point d'être démoli, que les locataires devenus squatteurs se battent pour empêcher cette destruction et que son beau-frère veuf, également meneur du mouvement de protestation, a des révélations à faire concernant la mort tragique de sa sœur.
SISTER SISTER
Paju a reçu le Lotus du jury, ex-æquo avec Au Revoir Taipei, lors de la dernière édition du festival Deauville Asia, et pourtant les deux films pourraient difficilement être plus différents. Face à la simplicité ludique d'Au Revoir..., le moins que l'on puisse dire c'est que Paju n'a pas peur d'aller au charbon et de se coltiner une histoire à la fois complexe, glauque et peu excitante à première vue. Mais la principale caractéristique qui bouffe tout le film de la première à la dernière minute, c'est d'ailleurs justement le sur-découpage de ce recit, construit uniquement sur une succession de flash-backs et flash-forwards façon puzzle. Un parti pris qui peut rappeler 21 grammes mais qui donne surtout envie d'appeler le film 21 tonnes, tant cette fausse bonne idée réussit l'exploit d'à la fois 1) considérablement ralentir le rythme du film 2) ruiner toute compréhension des quelques rebondissements et révélations de l'histoire à force d'ellipses, et 3) du coup, de tuer dans l'œuf tout début d'émotion chez le spectateur, face à une intrigue pourtant prometteuse. La réalisatrice, venue présenter son film à Deauville, a tenu à prévenir le public, avec humour et peut-être une pointe de condescendance, qu'il y avait bien deux personnages principaux féminins dans son film, et non pas un seul, "car j'ai remarqué que les spectateurs occidentaux ont parfois du mal à différencier les visages asiatiques". Elle a vu juste en pointant du doigt une certaine difficulté à suivre son film, mais le cliché a bon dos et c'est surtout le développement scénaristique de son intrigue qui aurait gagné à être moins schématique et cérébral.