Ouija : les origines
Ouija : Origin Of Evil
États-Unis, 2016
De Mike Flanagan
Durée : 1h30
Sortie : 02/11/2016
À Los Angeles en 1965, une veuve et ses deux filles montent une nouvelle arnaque pour pimenter leur commerce de séances de spiritisme bidon. Chemin faisant, elles font involontairement entrer chez elles un esprit maléfique bien réel. Lorsque la fille cadette est possédée par la créature impitoyable, la petite famille doit surmonter une terreur dévastatrice pour la sauver et renvoyer l'esprit de l'autre côté…
PLANCHE DE SURVIE
Ceux qui avaient vu le premier Ouija, sorti il y a peine plus d'un an, ne trépignaient peut-être pas d'impatience à l'idée de découvrir la suite. Nous y compris. Ce premier volet cumulait tellement de clichés faiblards de mauvais film d'horreur qu'on peine aujourd'hui à se rappeler d'une moindre qualité à son propos. Quel intérêt à aller voir la suite, donc? Parce que le réalisateur (terme qui méritait qu'on mette des guillemets autour, désolé) d'origine a été cette fois remplacé par un nom plus excitant: Mike Flanagan, qu'on avait repéré avec le très efficace et malin Oculus (sorti en dvd chez nous sous le titre The Mirror). Dans la famille du cinéma d'horreur contemporain, ce n'est pas la première fois que ce qui ressemble fortement à une suite anonyme et mercantile se révèle être une agréable surprise (cf. la réussite très inattendue de Paranormal Activity 3). Ici également auteur du scénario, Flanagan fait faire un grand bon qualitatif à la franchise: Ouija, les origines est très nettement supérieur à l'original. Ouf.
Voilà pour le côté positif de l'affaire. Parce que, si les efforts mis en place sont très appréciables, on partait quand même de très loin, et à l'arrivée, Ouija : les origines n'est pas non plus le film fantastique le plus original ou angoissant de l'année. Une maison gothique en guise de décor bien familier (on jurerait voir celle de Dans le noir), une fillette flippante comme il se doit, des visages soudainement déformés et des jump-scares en veux-tu en voilà... Ouija : les origines respecte très sagement le cahier des charges de l'horreur mainstream contemporaine. Un peu trop: pas une goutte de sang ici, et des idée subversives balayées trop furtivement, alors qu'Oculus se permettait d'aller plus franchement dans la noirceur et la douleur - dommage. Mais Flanagan parvient tout de même à faire le job sans faute de goût, et se révèle suffisamment doué pour rester sur des rails classiques tout en améliorant et nettoyant tous les défauts du premier film.
La ropreté n'est peut-être pas la qualité la plus palpitante qu'on attendrait d'un film d'horreur, mais dans un contexte de films habituellement bâclés, distribués à la chaîne comme autant de produits de saison vite oubliables et périssables, c'est déjà un soulagement. Ouija : les origines ne témoigne pas de beaucoup de personnalité, et dans un monde idéal, devrait en quelque sorte représenter la base de ce que devrait être un film d'horreur grand public, plutôt qu'une chouette surprise. Que révèle ce décalage de perception ? Cela signifie peut-être que la véritable horreur continue d'exister, mais là où elle a toujours été : dans la marge, et non là où les studios et les multiplexes voudraient nous le faire croire. Ouija : les origines est un agréable tour de maison hantée pour tout public. Contrairement à ce que dit la tagline, ce n'est qu'un jeu, et le frisson n'ira pas plus loin.