Oubliées de Juarez (Les)
États-Unis, 2007
De Gregory Nava
Scénario : Gregory Nava
Avec : Antonio Banderas, Sonia Braga, Juan Diego Botto, Jennifer Lopez, Martin Sheen, Maya Zapata
Durée : 1h52
Sortie : 25/04/2007
Juarez est une cité paralysée par la peur. Tous les jours des jeunes femmes qui travaillent dans les maquiladoras (usines situées le long de la frontière mexicaine) sont retrouvées mortes après avoir été violées et brutalisées. La jeune indienne Eva survit à une telle agression. Dans l’espoir de trouver de l’aide, elle raconte son histoire à Juan, qui tient le journal local. Celui-ci vient de recevoir la visite de Lauren, avec qui il a eu une aventure dans le passé, qui enquête sur ces meurtres pour un journal de Chicago. La jeune femme voit tout de suite le scoop qu’elle peut en tirer et promet d’aider Eva. Au cours de son enquête, des souvenirs de son enfance vont remonter à la surface, rendant les événements plus personnels pour elle, alors que le danger se fait plus pressant.
JUSTICE A DEUX VITESSES
Le traité de libre échange nord-américain a eu pour effet pervers la prolifération d’usines de long de la frontière mexico-américaine, les "maquiladoras". Ces usines emploient des milliers de jeunes femmes, payées des broutilles, afin d’assembler des biens de consommation à des cadences infernales (un ordinateur toutes les huit secondes et un téléviseur toutes les trois). Non seulement exploitées, ces jeunes femmes disparaissent également en grand nombre. Victimes de trafics d’organes, de snuff movies ou gratuitement, pour le "plaisir". Innocentes victimes de la globalisation et surtout main d’œuvre facile à remplacer, personne ne va faire d’enquête et au vu des intérêts financiers en jeu, il est plus intéressant pour les gouvernements mexicain et américain de couvrir ces meurtres plutôt que de les exposer. Gregory Nava, lui même né et élevé à la frontière mexicaine, voit cela différemment et décide d’en faire un film. Conscient qu’il aura besoin de noms afin de vendre son projet, Nava propose le premier rôle à Jennifer Lopez, avec qui il a déjà tourné deux fois. Celle-ci accepte tout de suite et, au cours des sept années qui ont été nécessaires à la réalisation du film, n’a jamais lâché le projet, devenant même co-productrice. Gregory Nava ayant reçu des menaces de mort, seule une seconde équipe fut envoyée à Juarez afin de tourner les plans généraux de la ville. Les membres de celle-ci furent victime d’intimidations, alors que des rushes et autres caméras furent volés afin de stopper la production. Les autorités de la ville ne voulaient pas de ce tournage.
Un tournage en partie extrême pour dénoncer des faits qui sont le seul intérêt du long métrage de Gergory Nava; ainsi, malheureusement les bonnes intentions seules ne suffisent pas à faire un bon film. Jennifer Lopez est une Lauren trop superficielle au maquillage toujours impeccable, même après avoir passé une journée entière à la chaîne et s’être fait agressée. Que cette journaliste, qui ne vit que pour sa carrière, décide soudain de se souvenir qu’elle est d’origine mexicaine et que ce fait la change si profondément qu’elle décide, pour commencer, de garder sa couleur de cheveux originale, dans une scène plutôt maladroite, n’est pas le moindre des défauts du scénario. Il est ainsi fort dommage que celui-ci ne se concentre pas uniquement sur l’enquête, afin de découvrir qui se cache derrière ces meurtres, mais doive inventer une ancienne histoire d’amour entre Juan et Lauren; ou encore le passé malheureux de celle-ci, qui fait plonger le film dans le pathos le plus total lors d’une scène entre Lauren et son éditeur américain, interprété par Martin Sheen. Sans oublier l’épilogue du film qui ne sera pas dévoilé ici. Heureusement Jennifer Lopez a un public qui va se déplacer pour la voir tout comme Antonio Banderas, qui joue Juan, l’éditeur du journal de Juarez. Car malgré tout, le film mérite d’être vu afin que les événements de Juarez ne passent pas une fois de plus inaperçus. Ainsi, la prochaîne fois que vous verrez un ordinateur ou un écran de télévision en vente dans un magasin peut-être vous rappelerez-vous comment ils sont arrivés là et surtout à quel prix.
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Stop à la violence contre les femmes de Ciadud Juarez et Chihuahua, Mexique.
Plus de 400 femmes ont été enlevées et tuées depuis 1993 à Ciadud Juarez et Chihuahua à la frontière entre le Mexique et le Texas. Dans un grand nombre des cas les brutalités commises au cours de l’enlèvement et du meurtre vont au delà du simple fait de tuer pour tuer. Beaucoup de ces femmes ont été retenues en captivité pendant plusieurs jours et soumises à des humiliations, des tortures et la plus horrible des violences sexuelles avant de mourir. La cause de la mort est le plus souvent due à une asphyxie provoquée par un étouffement, à moins que les victumes ne soient battues à mort. Les familles des victimes ont refusé de se taire à propos de ces meurtres et continuent, aux côtés d’activistes du monde entier, de rechercher la justice.
L’échec des autorités mexicaines à prendre des actions appropriées afin d’enquêter sur ces crimes est dû à de l’indifférence, au manque de volonté, à la négligence et a été flagrant au cours des trente dernières années. Amnesty International a documenté des délais injustifiables dans les enquêtes préliminaires, une incapabilité à suivre les indices et autres déclarations de témoins, ou encore la falsification de preuves et l’utilisation de la torture de la part des officiers de police afin d’obtenir des aveux et autres informations pouvant conduire à l’arrêt d’un - faux - coupable.
Plus d’informations: Amnesty USA.