Otage

Otage
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Otage
Hostage
États-Unis, 2005
De Florent Emilio Siri
Scénario : Doug Richardson
Avec : Jimmy Bennet, Ben Foster, Michelle Horn, Kevin Pollak, Bruce Willis
Durée : 1h53
Sortie : 27/04/2005
Note FilmDeCulte : *****-

Jeff Talley, autrefois négociateur d’otages pour la police de Los Angeles, s’est retiré dans une petite ville. Lorsqu’un vol de voiture dérape et se transforme en prise d’otages, Talley devra reprendre du service et faire avec les données inattendues de la soirée.

IN THESE DESPERATE HOURS

Lorsque les premiers noms du générique apparaissent avec un détourage bizarre sur fond noir, on se demande pourquoi cela paraît si cheap, si "film d'action des années 80". Alors le véritable générique, une animation que l’on ne révèlera pas, fait son apparition et c'est tout de suite autre chose. A la fois classe et délibérément ancré dans un esprit de série B, ce bref "pré-film" annonce d’emblée l'ambition d'un film qui jamais n'essaiera de viser trop haut, que ce soit dans sa forme, à la fois léchée et sans esbroufe, soignée mais sans fioritures, ou dans son scénario, qui ne prend jamais trop conscience de lui-même, évitant ainsi de tomber dans le film-concept ou dans l'accumulation de twists superflus. Au cours des deux heures qui suivront, Otage fera preuve d’une proximité avec les polars sans concession des années 70. Noir, violent, parcouru de scènes, de situations, d’événements rares dans le cinéma d'action et les thrillers d'aujourd'hui, le film de Florent Siri est dur, cruel, vrai. Tout du moins sonne-t-il vrai, malgré un parti-pris scénaristique assez fort. Et c’est là que réside la force du film.

LAST ACTION HERO

A partir d'un roman peuplé de nombreux personnages, Doug Richardson et le cinéaste se sont concentrés sur un protagoniste principal, son passé, son parcours, en un mot, son histoire. Sans jamais trop s'attarder sur son tourment, sans jamais surdoser dans la présence d'un trauma, ils cernent le personnage à la perfection, aidés par un Bruce Willis exemplaire, taciturne comme dans les meilleurs de ses films récents (notamment ses films avec M. Night Shyamalan), hanté. Sans verser dans l’introspection, l’intrigue fait de lui son moteur. Il est de tous les plans et le spectateur est avec lui. Otage n'est pas un film de personnages mais ils ne sont pas pour autant laissés pour compte. Même les méchants, dessinés d’après des archétypes, sont correctement traités. Ainsi, quand tel ou tel personnage semble too much, le script fait très habilement passer la pilule, justifiée par ce que l’on pourrait décrire comme une prise en compte de l'expérience des personnages en tant que spectateurs. Autrement dit, on a là l'un des rares films où certains protagonistes se comportent d'une manière qui pourrait paraître peu crédible. Que ce soit les ressources de l'un, ou la folie d'un autre, cela peut s’expliquer par le fait que ces protagonistes ont vu des films, ont joué à des jeux vidéos, etc. C’est pourquoi lorsque l’un des preneurs d’otages commence à se comporter comme un psychopathe issu d'un film d’horreur à tendance fantastique, l’acteur l’interprète presque littéralement comme un monstre et la mise en scène sublime le tout par des plans eux aussi provenant du cinéma d’épouvante.

WELCOME TO MY WORLD

"Le métier de réalisateur est de rendre crédible une réalité complètement fabriquée", disait David Fincher. C’est très exactement l’exploit accompli ici par Siri, qui exploite son scénario à la perfection. On retrouve la tension omniprésente de Nid de guêpes, cette même habileté dans la gestion de l’espace. En traversant l’Atlantique, le cinéaste a emmené avec lui son chef opérateur, son monteur et son compositeur, une gageure pour un "émigré". Si sa courte filmographie ne témoigne pas pour le moment de thèmes particuliers, une certaine personnalité s’en dégage néanmoins dans l’esthétique. C'est sombre, c'est chaud. Ça ralentit seulement quand il faut, ça explose seulement quand il y a besoin. Efficace, précise, l’œuvre ne s’impose pas comme un quelconque renouveau et se situe sur la frontière de son propre parti-pris, ce qui la rendra fragile aux yeux des spectateurs les plus réticents. Cependant, elle fait preuve d’assez d’originalité par le biais de détails peu communs dans le genre, pour créer la surprise. Avec son précédent film, Florent Siri signait un remake officieux de l’Assaut de John Carpenter, un thriller de 1976 mêlant à l’univers policier une qualité fantastique que l’on retrouvait dans Nid de guêpes. Il en va de même avec Otage. Si le bourdonnement des guêpes a disparu, les monstres ne manquent pas de faire irruption dans la réalité.

par Robert Hospyan

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