Oslo, 31 août
Oslo, 31 august
Norvège, 2011
De Joachim Trier
Scénario : Joachim Trier, Eskil Vogt
Avec : Anders Danielsen Lie
Photo : Jacob Ihre
Durée : 1h36
Sortie : 29/02/2012
Anders va bientôt terminer un traitement dans un centre de désintoxication situé à la campagne. Dans le cadre de sa thérapie, il est autorisé à se rendre en ville un matin pour aller à un entretien professionnel. Profitant de l'occasion de cette permission, il reste en ville, erre, rencontre des gens qu'il n'a pas vus depuis longtemps. Agé de 34 ans, intelligent, beau garçon de bonne famille, Anders est profondément perturbé par les opportunités qu'il a gâchées, les gens qu'il a deçus. Il est toujours jeune, mais il a le sentiment que sa vie est déjà finie. La journée s'avance, une longue nuit s'annonce: les erreurs du passé vont susciter les pensées de la possibilité de l'amour, d'une nouvelle vie, et l'espoir d'imaginer un avenir d'ici le matin.
JEUNESSE DORÉE
Remarqué avec quelques courts et surtout avec Nouvelle donne, son premier long-métrage sorti chez nous il y a 3 ans, le réalisateur norvégien Joachim Trier poursuit avec Oslo 31 aout sa représentation à la fois poétique et amère de jeunes adultes nostalgiques, perdus entre deux âges. Le film raconte vingt-quatre heures dans la vie d’un jeune homme sensible et lucide qui retrouve ses proches et ses repères après s’être un temps coupé du monde. Ces retrouvailles douces-amères sont surtout prétextes à un portrait en creux de la jeunesse, du passage à l’âge adulte et de ses désillusions. La principale différence avec son film précédent vient avant tout d’un apaisement de la mise en scène, devenue plus discrète et jouant moins sur des effets de montage. Une sobriété qui paye, sans jamais perdre en personnalité, comme si Trier faisait désormais plus confiance à la simple force de ses éléments narratifs.
Et il peut leur faire confiance, car la maturité du scénario d’Oslo 31 Aout tient justement dans l’incroyable justesse de la description de cette nostalgie post-adolescence, de ses rêves déchus. Une sincérité et une authenticité émouvantes, qui rappellent parfois le beau Les Amours imaginaires de Xavier Dolan (déjà à Un Certain Regard l’année dernière). Et tout comme dans ce dernier, le réalisateur norvégien parvient rapidement à faire de son film autre chose que du simplement mignon en faisant preuve d’une certaine ambition narrative ; en l’occurrence en entrecoupant son récit de scènes hors-narration, brefs témoignages d’anonymes racontés à la première personne. Associée à l’efficacité des scènes « classiques », elles aussi assez ambitieuses par leur durée, cette ambition ne fait qu’amplifier la dimension intime et poétique rare du film.
Oslo 31 Aout est une œuvre forte, moins facile qu’il n’y parait. Un film surprenant à la fois humble, inventif et touchant sur la solitude, qui possède son propre ton, rarement croisé ailleurs, tout en restant très accessible. De quoi largement confirmer la talent de Joachim Trier, placé désormais très haut parmi les espoirs du cinéma européen.