Only God Forgives

Only God Forgives
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Only God Forgives
États-Unis, 2012
De Nicolas Winding Refn
Avec : Ryan Gosling
Durée : 1h30
Sortie : 22/05/2013
Note FilmDeCulte : *****-
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Julian, Anglais installé à Bangkok, est une figure respectée de la Pègre. Avec son frère Billy, il dirige un club de boxe thai qui est en réalité un lieu consacré au trafic de drogue à destination de Londres. Quand Billy est assassiné, leur mère Jenna arrive de Londres pour chercher le corps. Elle est elle-même à la tête d'une puissante organisation criminelle et a l'habitude d'obtenir exactement ce qu'elle veut. Elle va régler ses comptes, à travers un parcours sanglant où se mêlent rage, trahison et vengeance, qui mènera à une ultime confrontation et à une possibilité de rédemption.

RENCONTRE AVEC LE DRAGON

Le précédent long métrage du Danois Nicolas Winding Refn, Drive, se situait quelque part entre l'ultra-violence graphique d'un Tarantino et le romantisme pop exacerbé d'une Sofia Coppola. Winding Refn a dédié son nouveau film à Alejandro Jodorowsky, l'auteur illuminé de films fous tels que El Topo ou La Montagne sacrée. Si l'on peut reconnaître l'ombre de Jodorowsky dans ce récit quasi-abstrait, cette odyssée sensuelle, cette foi absolue en la mise en scène, Only God Forgives est nourri avant tout par le propre cinéma de Winding Refn. Certains s'attendaient à un Drive-bis: vrai et faux. Only God Forgives part de la même manière d'un pitch minimaliste, une ébauche, pour laisser parler l'image. Il y a les cinéastes qui tentent de vous émouvoir parce qu'ils racontent des événements tristes ou que leur personnage pleure; dans Drive comme dans Only God Forgives, le sentiment est créé par un montage, un cadre, une utilisation des couleurs et du son: du cinéma dans son expression la plus pure. La plus fascinante aussi.

Si Only God Forgives s'éloigne quelque peu de Drive, c'est en délaissant la série B flamboyante pour le trip hypnotique, l'ensorcellement des rues de Bangkok, les déambulations sous les néons psychédéliques, or et émeraude, des night-clubs. En cela, Only God... rappelle évidemment Le Guerrier silencieux, voyage intérieur déguisé en fresque viking. Mais il évoque aussi un ancien long métrage du Danois: Inside Job. L'expérience de ce dernier avait été un cauchemar, Nicolas Winding Refn emprunte à nouveau ses mystérieux couloirs baignés d'une lumière rougeoyante comme on irait à un exorcisme.

Parler d'exorcisme n'est pas hors de propos pour un film peuplé de dieux, de démons et d'anges déchus. La dimension mythologique du cinéma de Winding Refn, déjà présente dans Le Guerrier..., s'exprime pleinement ici, qu'il s'agisse des relations entre les personnages ou de son usage de la violence. Lors d'un plan situé vers la fin du film, Kristin Scott-Thomas (grandiose, qui n'avait jamais été employée comme ça, entre Lady McBeth et Donatella Versace selon le réalisateur) apparaît tel un fantôme, surgissant des ténèbres, ses pieds semblent à peine toucher le sol.

Débutant par un film terrestre (le très concret Pusher), Nicolas Winding Refn s'achemine ces dernières années vers un cinéma cosmique, trippant, irréel, poétique. Une rêverie, comme la rêverie amoureuse du Driver et d'Irene dans son film précédent. Une rêverie infernale cette fois, dans ce rouge dont on ne sort pas, magnifié par Larry Smith (ancien collaborateur de Kubrick). Jodorowsky, dans un autre film présenté à Cannes (le documentaire Jodorowsky's Dune), confiait son envie avec son projet avorté de Dune de faire un film qui, en plus d'une expérience sacrée, procure les effets du LSD sans prendre de LSD. L'expérience des sens, superficielle pour ceux qui n'y verront qu'une coquille vide (et il est des cinéastes trop aventureux pour une presse trop en retard), est pourtant plus profonde que bien des films à discours. Only God Forgives est un pur émerveillement.

par Nicolas Bardot

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