On l'appelle Jeeg Robot
Lo chiamavano Jeeg Robot
Italie, 2015
De Gabriele Mainetti
Durée : 1h52
Sortie : 03/05/2017
Poursuivi par la police dans les rues de Rome, Enzo doit plonger dans les eaux du Tibre dans lesquelles il est contaminé par une substance radioactive. Alors doté de superpouvoirs, il décide de mettre ceux-ci au service de ses activités criminelles. Du moins jusqu’à ce qu’il rencontre Alessia, une jeune femme fragile, persuadée qu’il est l’incarnation de Jeeg Robot, le héros de manga japonais venu sur Terre pour sauver le monde. Mais Enzo devra d’abord affronter Fabio dit « le Gitan », un psychopathe mafieux qui travaille pour la Camorra...
I, ORIGINS
"Hé ho, pourquoi il n’y aurait que les Américains qui auraient le droit d’adapter les super-héros sur grand écran et de truster le haut du box office avec leurs défenseurs de la bannière étoilée ?" C’est en tout cas ce qu’a dû se dire Gabriele Mainetti au moment de réaliser son premier long. Sauf que les super-héros italiens n’étant pas légion, le bonhomme a préféré se frotter au genre en passant par l’issue de secours et en choisissant de rendre hommage à un de ses héros d’enfance, le fameux manga Koketsu Jeeg de Go Nagai (le papa de Goldorak et Bomber X). Mais pour quel résultat ? Si l’on se fie aux nombreuses récompenses que le film glane au fur et à mesure de son parcours (meilleur réalisateur débutant, meilleurs acteurs et actrices, meilleurs seconds rôles et montage aux Donatello 2016, Silver scream du meilleur film à Amsterdam, Grand prix à L’Etrange festival 2016), on se dit qu’on va avoir droit à une œuvre riche et sachant aborder le genre avec beaucoup de recul et d‘analyse. Mais en fait, non !
Ici vous n’aurez droit à rien d’autre qu’au sempiternel schéma classique du héros que rien ne prédestinait à l’aventure et qui va retrouver le droit chemin, battre le grand méchant outrancier tout en gagnant le cœur de sa belle avant qu’elle ne devienne son trauma, etc. Bref rien de nouveau sous le soleil de Rome même si Mainetti et ses scénaristes tentent plutôt d’orienter leur métrage du côté « petit » film de super-héros introspectif comme les très bons Super et Defendor ou le naze American hero qui abordaient le genre par la face la moins facile et à contre-courant des Iron man, Batman et autres Captain America. On le sent même plutôt frileux dans sa construction, ne semblant pas oser aller au bout d’une certaine folie qui aurait pu pousser l’œuvre dans ses derniers retranchement et éventuellement rappeler tout un pan du ciné bis transalpin des années 70 et 80 où nos chers voisins pillaient sans vergogne le catalogue des succès US avec toujours plus ou moins de réussite (souvenez vous des Starcrash, le choc des étoiles qui rendait “hommage“ à La Guerre des étoiles, de La Mort au large qui faisait de l’œil aux Dents de la mer ou même à 2019 après la chute de New-York qui saluait New-York 1997, pour ne citer que ceux là…) ! Et même si on concèdera au film un petit clin d’œil agréable au Toxic avenger de Michael Herz et Lloyd Kaufman, pour le reste (que ce soit de la non utilisation du décor italien et de la ville de Rome à la “réappropriation“ du thème de Man of steel) il faudra avoir le cœur léger et l’esprit enjoué pour ne pas trouver l’exercice vain.