Festival des 3 Continents: Old Stone
Lao Shi
Chine, République populaire de, 2016
De Johnny Ma
Scénario : Johnny Ma
Durée : 1h20
A cause d'un client ivre, Lao Shi, chauffeur de taxi, a un accident qui plonge sa victime dans le coma. Lao Shi n'a pas les moyens de payer les frais d'hôpitaux...
D'UNE PIERRE DEUX COUPS
Premier long métrage du Chinois Johnny Ma (lire notre entretien), Old Stone se distingue d'ores et déjà par sa forme biscornue qui l'empêche de rentrer dans une case. Drame social ? Thriller psychologique ? Horreur grand-guignol ? Johnny Ma ne choisit pas vraiment, quitte à dérouter les spectateurs qui s'attendent des intentions clairement définies. Mais pour un premier essai, cette curiosité a quelque chose d'assez excitant.
Old Stone débute par une image forte : une mer d'arbres agitée par le vent. Un orage retentit et l'on sent les éléments contre le personnage principal, Lao Shi, chauffeur de taxi qui provoque un accident de la route. Pendant un certain temps, Old Stone ressemble à un drame social comme on en a vu beaucoup en provenance de Chine ces dernières années : comment le pauvre homme parviendra t-il à payer les frais d'hôpitaux de sa victime ? Le dieu-argent dans une Chine mutante et déshumanisée : le parcours de Old Stone pourrait sembler tout tracé.
Mais, à l'image de ces arbres battus par la tempête en forme de projection mentale, et comme le suggère une étrange bande sonore, quelque chose bout. Au traitement relativement brut de l'image répond un plan quasi-monochrome qui couvre la ville de rouge. Lao Shi, lui, s'invite comme une tache dans un mariage de mauvais goût. Dans son dénouement, le slowburner social change brutalement de direction, un spectaculaire virage à 180° qui peut dérouter mais qui s'avère assez efficace (malgré une éruption de kitsch et un dernier plan tout bonnement interdit). Même imparfait, Old Stone offre ce qu'on devrait attendre de tout premier film : de l'audace et un peu d'inconscience.