Old Joy
Deux amis de longue date partent camper le temps d'un week-end. Les deux hommes se retrouvent rapidement confrontés aux différences qui les opposent: l'un est ancré dans la vie adulte, l'autre ne parvient pas à se défaire de la douce insouciance de sa jeunesse.
LE RETOUR A LA TERRE
Récompensé dans de nombreux festivals, Old Joy de Kelly Reichardt est un petit film attachant, s’inscrivant dans la pure tradition du road movie contrarié qui, d'Easy Rider de Dennis Hopper à Gerry de Gus Van Sant, a souvent donné ses lettres de noblesse au cinéma indépendant américain. La réalisatrice, connue pour ses œuvres expérimentales, met en scène avec pudeur et retenue la lente agonie d’une amitié de trente ans dans le décor naturel d’une antique forêt de l’Oregon. Représentant d’un cinéma minimaliste qui donne la part belle aux plages contemplatives et aux respirations du récit, Old Joy doit beaucoup à la qualité de son interprétation. Difficile d’oublier le regard perdu du chanteur Will Oldham (plus connu sous son pseudonyme de scène, Bonnie Prince Billy), de ne pas ressentir le sentiment de gêne de son ami, quand le premier tente de récréer un espace d’intimité entre eux, de ne pas être touché par la mélancolie du propos. Sans forcer le trait, Kelly Reichart évoque le désarroi d’une génération aux illusions perdues, qui rêvait d’un impossible retour à la nature.