La Nymphe

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Nymphe (La)
Nang Mai
Thaïlande, 2008
De Pen-Ek Ratanaruang
Scénario : Pen-Ek Ratanaruang
Note FilmDeCulte : *****-
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Quelque part dans la jungle, une jeune fille a jadis été agressée par deux hommes. Quelques jours plus tard, on devait retrouver les corps de ses agresseurs dans les eaux d’une rivière voisine, flottant au fil du courant, mais nul ne sut jamais ce qu’il était advenu de la malheureuse jeune fille, ni qui ou quoi avait pu lui sauver la vie.

Enfer forestier

La "rédemption" forestière est l'un des grands sujets qui traversent le cinéma d'auteur contemporain. Depuis Tropical Malady d'Apichatpong Weerasathekul, on ne compte plus les films qui installent leur personnage principal au coeur de la nature, de La Forêt de Mogari de Naomi Kawase, pendant bouddhiste et zen, à l'Antichrist de Lars von Trier, versant sombre et satanique. Sélectionné à Cannes dans la section Un Certain Regard de l'édition 2009, La Nymphe de Pen-Ek Ratanuarang se situe à l'exacte croisée des chemins thématiques. Le réalisateur de Ploy, qui a annoncé sa retraite partielle afin de construire son doux foyer, plonge ici un couple en crise dans les bras d'une mystérieuse créature des bois, mi-femme, mi-arbre.

Sans aller jusqu'aux excès sadiques de son lointain confrère danois, le cinéaste thaïlandais filme lui aussi un Eden - le foyer sans histoire que forment machin et truc - promis à la chute par l'adultère commis par la jeune femme. Il y aura aussi des coups de hache, des scènes d'amour et des larmes, mais à l'hystérie de Lars von Trier répond ici la douceur sensuelle de la réalisation de Pen-Ek Ratanuarang. Le réalisateur de Last Life to the Universe ne filme jamais les tempêtes. Il préfère souligner discrètement les signes annonciateurs, moments de silence, refus de l'autre, étreintes brisées. La grande force du film - outre sa sublime mise en scène qui flotte entre les arbres - tient dans la tranquillité et l'évidence de son climat fantastique. Les faits sont objectivement terribles - un homme abandonne sa femme pour retourner à l'état de nature - mais l'on sort pourtant de La Nymphe comme apaisé, cueilli par l'étrange langueur d'un cinéaste essentiel.

par Yannick Vély

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