Nuit noire

Nuit noire
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Prisonnier entre le désir et la répulsion que lui inspire le paradis perdu de ses amours enfantines, Oscar abandonne peu à peu sa vie à d'inquiétants fantômes.

ÇA SENT LE KAFKA

Hôte régulier de la scène court métragiste, le belge Olivier Smolders franchit le cap du long. Fable kafkaïenne forcément référencée à droite et à gauche – beaucoup de Caro par-ci, pas mal de Cronenberg par-là, mais, tiens, pas beaucoup de Gilliam, ça nous change – Nuit noire se pose avant tout comme introduction à un univers d’auteur. En l’occurrence de l’anticipation dépressive, picturale et mutique. D’où, logiquement, scénario d’artifice, gentille satire sociale sous la patine du fantastique (enfer paperassier, pathétisme de la collectionnite aiguë et de l’ultramoderne solitude), empilement d’obsessions (le conte, les insectes, l’organique) et démonstration d’esthète. Cette dernière entrée fait sans doute la part la plus convaincante de Nuit noire. Visiblement à peu de frais, la technique s’en tire en effet souvent avec les honneurs, depuis une scène d’ouverture fantasmagorique jusqu’à une éclosion "cronenbergienne", en passant par la furtive chaleur d’un rayon de soleil fuyant. Le reste, en revanche, n’a pas la même saveur. Trop chichiteux pour susciter l’adhésion, l’univers de Nuit noire fleure la construction psychanalytique onaniste et l’autosatisfaction dans une obscurité thématique par trop calculée. Ceci sans même citer l’ennui, pourtant compagnon assidu du spectateur courageux. La prochaine fois, on aimerait aussi pouvoir accompagner la pâmoison plastique d’un tantinet de sens. Beau mais chiant, disait l’autre, qui n’avait pas tort.

par Guillaume Massart

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