Notre petite soeur

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Notre petite soeur
Umimachi Diary
Japon, 2015
De Hirokazu Kore-Eda
Durée : 2h06
Sortie : 28/10/2015
Note FilmDeCulte : *****-
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Trois sœurs, Sachi, Yoshino et Chika, vivent ensemble à Kamakura. Par devoir, elles se rendent à l’enterrement de leur père, qui les avait abandonnées une quinzaine d’années auparavant. Elles font alors la connaissance de leur demi-sœur, Suzu, âgée de 13 ans. D’un commun accord, les jeunes femmes décident d’accueillir l’orpheline dans la grande maison familiale…

HAUTS LES COEURS

La famille est l'un des motifs évidents du cinéma de Hirokazu Kore-Eda (lire notre entretien), et elle est au centre de ses films les plus connus: Nobody Knows (et ses enfants abandonnés), Still Walking (et ses retrouvailles familiales) et le récent Tel père, tel fils (sur la paternité). Notre petite soeur offre un nouveau reflet à ce thème, le cinéaste se penchant cette fois sur les rapports parfois contrariés entre 4 soeurs. La soeur du titre est une demi-soeur, et son intégration au curieux gynécée pourrait être le point de départ d'un mélodrame déchirant sur une famille recomposée. Les héros de Tel père, tel fils se posaient beaucoup de questions sur les liens du sang, dans cette histoire d'enfants échangés à la naissance. Dans Notre petite soeur, le drame est très rapidement expédié. Ladite soeur est adorable, ses grandes soeurs l'accueillent sans amertume. Notre petite soeur est le récit de leur paisible quotidien, sans événements dramatiques ou antagonistes artificiels. Même si les films n'ont pas grand chose à voir ensemble, Notre petite soeur a ceci en commun avec Boyhood de traiter du quotidien avec grâce et subtilité sans avoir recours à des ficelles dramatiques, se concentrant davantage sur les non-événements et la simplicité du quotidien.

Les filles vivent, donc, dans cet adorable dortoir, s'offrant de temps à autre un verre (ou plus) de liqueur de prunes. Notre petite soeur est adapté d'un manga et on reconnait dans son faux rythme une structure feuilletonesque dans son sens le plus noble. Si tout ce que l'on voit à l'écran semble ordinaire, la douceur du traitement, sa délicatesse, sont extraordinaires. Il y a des réalisateurs qui cherchent à tout prix à montrer leurs muscles. Ce n'est pas le cas d'Hirokazu Kore-Eda qui signe pourtant une mise en scène à tomber, dont chaque cadre est composé au millimètre, magnifié par la lumière de Mikiya Takimoto (déjà à l'oeuvre sur Tel père, tel fils). C'est simple : il n'y a pratiquement pas un plan de Notre petite soeur qui ne soit pas superbe. Il faut, dit-on dans le film, reconnaître la beauté quand elle est là. Celle, discrète, de l'art de Kore-Eda ne sautera pas aux yeux de tout le monde mais celle-ci est pourtant éclatante.

Dans ce long récit pudique, tout est question de regard - et donc de cinéma. Le quotidien banal des quatre jeunes filles pourrait être le sujet d'une série passe-partout. Mais la mise en scène du cinéaste transcende en permanence, rend euphorisante une balade en vélo sous les cerisiers. Quand un feu d'artifice est tiré lors des fêtes d'été, n'importe qui aurait filmé les gerbes de couleurs dans le ciel. Kore-Eda s'attache sur l'essentiel: leur reflet sur la mer et la terre, et surtout sur les visages de ses héroïnes. L'aspect foncièrement positif et humaniste de Notre petite soeur rappelle, dans l'esprit, un film d'un des illustres ainés du cinéaste : Bonjour de Yasujiro Ozu. Mais l'époque a changé et même s'il n'en est pas explicitement question dans le film, le Japon a traversé des drames encore récents. Comment les surmonter ? Comment vivre ensemble, le lendemain des funérailles de tel ou tel personnage ? "Si les dieux ne nous aident pas, aidons-nous les uns les autres".

par Nicolas Bardot

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