Notre Musique
France, 2004
De Jean-Luc Godard
Scénario : Jean-Luc Godard
Avec : Sarah Adler, Christophe Bouvet, Nade Dieu, Rony Kramer
Durée : 1h20
Sortie : 26/05/2004
PAS UNE GUERRE JUSTE MAIS JUSTE UNE GUERRE
Si Jean-Luc Godard s’était montré légèrement (très légèrement) prévisible et compréhensible dans sa précédente éloge (de l’amour), il reprend avec ce nouveau film une certaine avance sur le spectateur qui peut penser, un instant seulement, se retrouver en territoire connu, conquis. En avance sur son temps, Godard. En avance sur la pensée, le cinéma, l’art en général… Et devant ce maelström d’images que constitue cette sublime première partie du film, il devient juste et évident de penser que l’on a encore beaucoup à apprendre des films du cinéaste genevois. Des plans, des photos, couleurs, noir et blanc, s’enchevêtrent dans un déchaînement de violence. Images d’archives, de guerre, peintures, photos, cinéma ou réalité ? Les deux répond Godard. D’un côté, la réalité dans ce qu’elle a de plus horrible et de plus "nécessaire" semble t-il (la guerre). De l’autre, le cinéma qui a omis de la filmer, qui n’a pas enregistré la réalité dans ce qu’elle a pu avoir de plus atroce : la sortie des camps en 45. "Dans les fables, les hommes sont sortis de terre et on commencé à s’exterminer". C’est l’une des quatre phrases récitées d’une voix froide sur les huit minutes que dure la première partie du film, intitulée L’Enfer. L’enfer, c’est ici, c’est les autres, c’est la guerre. La guerre que l’Homme cherche à justifier mais qui s’avère être au final juste une guerre, une hécatombe. Et ni Ford, Fuller ou Eisenstein, abondamment cités, ne pourront retranscrire dans leurs films cette violence réelle, qui n’a rien de montée, de truquée. Autre temps, autre lieu, autre étage, celui du purgatoire, où tout est encore possible, ou la réconciliation entre les êtres semble envisageable. Le futur existe, il s’appelle Sarajevo.