Nostalgie de la lumière
Nostalgia de la luz
France, 2010
De Patricio Guzmán
Scénario : Patricio Guzmán
Photo : Katell Djian
Durée : 1h30
Sortie : 27/10/2010
Au Chili, à trois mille mètres d'altitude, les astronomes venus du monde entier se rassemblent dans le désert d'Atacama pour observer les étoiles. Car la transparence du ciel est telle qu'elle permet de regarder jusqu'aux confins de l'univers. C'est aussi un lieu où la sécheresse du sol conserve intacts les restes humains : ceux des momies, des explorateurs et des mineurs. Mais aussi, les ossements des prisonniers politiques de la dictature. Tandis que les astronomes scrutent les galaxies les plus éloignées en quête d'une probable vie extraterrestre, au pied des observatoires, des femmes remuent les pierres, à la recherche de leurs parents disparu …
ASTRALEMENT VOTRE
Après une carrière majoritairement consacrée aux documentaires politiques (Le cas Pinochet, Salvador Allende …) Patricio Guzmàn aborde ici un sujet à priori radicalement inédit : l’astronomie. Et sous une forme elle aussi légèrement différente. Comme l’a justement souligné Thierry Frémaux lors de sa présentation cette année à Cannes (hors-compétition), Nostalgie de la lumière appartient moins à la catégorie stricte des documentaires qu’à une sphère de réflexion plus intime. En effet, le propos est ici beaucoup plus poétique et métaphysique que politique, et si Guzmàn n’apparait jamais à l’écran, le film finit par devenir tout de même une sorte de portrait en creux de son auteur. Moins parce que son sujet de prédilection (les tensions politiques liées à l'histoire de son pays) finit par rapidement repointer le bout de son nez, qu’à cause de la manière dont évolue la réflexion menée par le film, qui passe du coq à l’âne avec fluidité, comme par une sorte de courant de conscience intérieur. On passe en effet rapidement de l’observation des galaxies aux momies, puis aux prisonniers politiques, puis à nouveau l’espace… mais avec simplicité et évidence, tout simplement parce ce que dans ce lieu unique du désert d’Atacama, tout cela est indissociable. C’est justement ce qui frappe le plus dans ce film : son extraordinaire simplicité. Malgré l’ambition apparente du propos, il ne s’éparpille jamais et reste étonnamment facile d’accès, à la fois dans sa forme et son discours. Et il bénéficie surtout d’images absolument superbes. Du premier au dernier plan, la cinégénie exceptionnelle du lieu crève l’écran. Cela peut paraitre superficiel, mais cet esthétisme inattendu est loin d’être la moindre des grandes qualités du film.