Nos étoiles contraires
Fault in Our Stars (The)
États-Unis, 2014
De Josh Boone
Scénario : Scott Neustadter, Michael H. Weber
Avec : Shailene Woodley
Photo : Ben Richardson
Durée : 2h06
Sortie : 20/08/2014
Hazel Grace et Gus sont deux adolescents hors-normes, partageant un humour ravageur et le mépris des conventions. Leur relation est elle-même inhabituelle, étant donné qu’ils se sont rencontrés et sont tombés amoureux lors d'un groupe de soutien pour les malades du cancer.
HASHTAG TUMEUR
Adaptation par les scénaristes de 500 jours ensemble et The Spectacular Now d'un livre semi-culte outre-Atlantique, Nos étoiles contraires paraît destiné à devenir le nouveau film de chevet des adolescentes qui voudraient prouver qu'elles peuvent aimer des choses plus intelligentes que Twilight. Et bien ça ne sera pas pour cette fois. La voix-off de l'héroïne s'adresse au public pour ouvrir le récit avec le texte suivant : "Je pense qu'on a le choix dans ce monde concernant la façon dont on raconte des histoires tristes. On peut raconter la version édulcorée : rien qu'une chanson de Peter Gabriel ne saurait guérir. J'aime cette version, comme tout le monde. Mais ce n'est tout simplement pas la vérité". Le film prétend alors raconter son histoire triste en adoptant le point de vue de la vérité mais s'avère coller exactement à la description succincte dénoncée par l'introduction. En lieu et place de Peter Gabriel, une BO à base de pop folk indé alternative et un récit qui, pendant plus d'une heure, ferait presque passer le cancer pour une partie de plaisir (tout le monde est attentionné envers le malade, on lui paie des voyages à Amsterdam avec des dîners arrosés de Dom Perignon), avec ses codes de romcom de base (trop chou le meet-cute dans le groupe de soutien!) et ses acteurs qui sont presque devenus une marque déposée des adaptations littéraires young adult (Shailene Woodley de The Spectacular Now retrouve ici Ansel Eglort qui jouait son frère dans Divergente). Heureusement qu'ils sont là d'ailleurs, sans eux, le film ne parviendrait même pas à être un tantinet agréable à suivre comme il peut l'être dans le premier acte, avant que la protagoniste ne tende à devenir antipathique.
THE SPECTACULAR PISSEUSE
Il suffit de voir la scène où la jeune fille se retrouve face à l'auteur reclus de son livre favori et s'énerve lorsque ce dernier refuse de dire ce qu'il advient des personnages après la fin du bouquin et la mort de son héroïne. On pourrait croire que cette scène illustre le déni de la jeune fille qui ne comprend pas que cette absence de réponse est précisément le propos d'un livre sur la mort mais le film n'exprime jamais cet argument dans le texte et semble donner raison à la gamine capricieuse. A elle seule, cette séquence stigmatise le refus de cette "vérité" que le film prétend pourtant montrer. Et cela ne se manifeste pas uniquement dans l'écriture. Dès le départ, la mise en scène ne fait pas état de la moindre aspérité et plus on avance, plus le film se fait grossier, comme en témoigne cette scène de crise d'asthme qui mène à une hospitalisation filmée intégralement au ralenti, un effet qui déréalise, encore une fois, le drame. Néanmoins, le summum restera le segment situé dans la maison d'Anne Frank, quelque part entre l'indécence et le nanar, où, galvanisée par son acte d'accomplissement de soi - Hazel insiste pour monter chacun des nombreux escaliers de la maison d'Anne Frank, dénuée d'ascenseur, alors qu'elle s'essouffle au bout de cinq marches! - notre cancéreuse se décide enfin à rouler une pelle à son prétendant, provoquant un slow clap et des bravos dans toutes les langues de la part des touristes. L'espace d'un instant, on se croirait dans une parodie. Honteux. Après ce passage, même s'il est difficile de ne pas sentir son cœur se serrer face à l'inévitable conclusion de cet aspirant-Love Story nouvelle génération, on ne peut s'empêcher de ricaner en repensant à la promesse du début du film. Pour la vérité, on repassera.