Nordeste

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Nordeste
France, 2005
De Juan Solanas
Scénario : Eduardo Berti, Juan Solanas
Avec : Carole Bouquet, Ignacio Jiménez, Enrique Piñeyro, Mercedes Sampietro
Durée : 1h44
Sortie : 13/05/2005
Note FilmDeCulte : ****--
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FESTIVAL DE CANNES 2005 - A 43 ans, Hélène décide de tout quitter pour partir en Argentine afin d'adopter un enfant. Une fois au Nord Este, elle se retrouve confrontée à la violence sociale d'un pays en crise.

LONGITUDES/LATITUDES

Dire qu’après son stimulant court métrage de S-F L’Homme sans tête on n’attendait pas du tout Juan Solanas du côté de la pampa argentine n’enlève rien aux qualités de son Nordeste. A des kilomètres du didactisme béat et de l’exotisme beauf d’un Holy Lola, le fils de son père (Fernando E. Solanas, réalisateur émérite, auteur du récent et poignant documentaire Mémoire d'un saccage - Argentine, le hold-up du siècle) fait sien le thème douloureux de l’adoption pour un retour au pays analeptique. Avec l’attention et le recul que lui vaut sa position d'expatrié (mais sans la grandiloquence affective qu’on eut pu redouter), Solanas filme donc patiemment les trajectoires croisées d’Hélène (sublime Carole Bouquet, dont on n’a pas souvenir de l’avoir déjà vue si justement et puissamment impliquée dans un rôle), occidentale en quête d’amour filial, et de Juana (la nouvelle venue Aymará Rovera, belle et digne), jeune mère célibataire à qui la pauvreté pourrait enlever son fils. Ce que ce canevas semble contenir de mélo convenu et d’humanisme de carte postale, Solanas le balaye avec une émouvante simplicité, donnant à son histoire l’espace pour respirer à son rythme, s’autorisant des détours splendides (belle et élémentaire rencontre entre un enfant et un crocodile) et laissant les paysages, photographiés avec maestria, déployer leur torture ou leur sublime à loisir. Certes, Nordeste ne manque pas de céder, parfois, à quelques facilités malvenues et la manière dont le fils de Juana, par exemple, se laisse aller à la délinquance, ne convainc pas toujours. L’effort demeure plus que louable: on n’aurait pas parié en effet que Solanas l’exilé parvienne avec tant de naturel à trouver sa place, sa légitimité, dans une cinématographie argentine en pleine renaissance. Aussi, sur cette jolie promesse, suivra-t-on de près le devenir d’Air, un thriller d’anticipation dont le tournage devrait débuter avant la fin de l’année, son second long métrage et nouveau grand écart insouciant par-dessus les compartimentations d’auteurs.

par Guillaume Massart

En savoir plus

Ecrit et réalisé en 2001, L’Homme sans tête est un de ces rares exemples de success story à l’échelle d’un court métrage. Belle fable humaniste un rien naïve, prônant la tolérance et la mixité, le film séduit avant tout par sa plasticité, très inspirée du duo Caro et Jeunet. Sélectionné au Festival de Cannes en 2003, L’Homme sans tête est récompensé par le Prix du Jury, décerné à l’unanimité par Emir Kusturica et ses acolytes. Ce sera d’ailleurs le seul film français primé. On le retrouvera ensuite aux Césars 2004, où il reçoit le Prix du Meilleur Court Métrage, puis à Imagina 2004, où le jury lui attribue son Prix Spécial. Le film continue depuis son petit chemin de phénomène de festival. Le court métrage a été édité en mai 2004 par MK2, agrémenté d’un making of de 76 minutes.

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