Nobel

Nobel
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Nobel
Italie, 2002
De Fabio Carpi
Scénario : Fabio Carpi
Avec : Hector Alterio, Stanislas Merhar, Giovanna Mezzogiorno, Katja Riemann, Otto Tausig
Durée : 1h50
Sortie : 20/11/2002

Alberto est le nouveau lauréat du Prix Nobel de Littérature. Un jeune journaliste vient le chercher dans sa maison en Suisse afin de l'accompagner jusqu'à Stockholm.

WE'VE GOT A WINNER

Nobel ? Ignobel ! La valeur du jeu de mot est à l’ampleur du désastre. On a trouvé le grand gagnant de l’année, le Navet d’Or 2002, le manuel illustré de Ce qu’il ne faut pas faire au cinéma. Vague road-movie rythmé par des coups de fourchette, Nobel joue sur l’opposition primaire entre Alberto, vieil écrivain en fin de règne et Alessandro, jeune journaliste plein de fougue. Entre les deux coqs, c’est d’abord la haine puis peu à peu l'amour filial. La vanité du futur nobelisé est contrariée par le caractère chien-fou de son rival en culotte courte. Le trajet nous entraîne jusqu’au bout de la nuit dans les plus grands restaurants allemands. Au cours de quelques escapades nocturnes aussi palpitantes qu’une enquête de Derrick, le plus vaillant des deux – le jeune - s’offre un peu de chair fraîche au grand dam de son aîné. On croise des personnages insolites, une comédienne de théâtre expérimental hambourgeois, un vieux projectionniste de drive-in, une masseuse très frivole et toujours les mêmes dialogues ampoulés au détour d’un tournedos cuit façon Rossini.

JE NE VAIS PAS CHERCHER LE NOBEL

Un tel scénario ne peut être sauvé que par une réalisation impeccable, des cadres soignés, un montage parfait qui dynamise une histoire aussi tristounette. Hélas, à une image atrocement terne s’ajoute une mise en scène d’une platitude effarante et une accumulation de fautes de raccord indigne d’une production professionnelle. Pour briser la linéarité, le réalisateur de ce chef-d’œuvre, Fabio Carpi, a la lumineuse idée d’illustrer la vie d’Alberto par des flash-back explicatifs. Généralement annoncées par une image figée et une petite musique au clavecin, ces scènes dépassent l’entendement cinéphile. Visiblement très émue, une jeune femme prononce quelques paroles puis se tait alors que continue de résonner la petite ritournelle. La première fois, un certain mystère se diffuse mais après avoir subi la saynette à l’identique tous les quarts d’heure, on se demande s’il ne s’agit pas là d’une tentative masquée de comique de répétition. Doublé en italien, l’infortuné Stanislas Merhar a un comportement étrange. Il multiplie les actions incompréhensibles: il quitte la voiture en effectuant un strip-tease, fait du patinage la nuit et se lance dans des paris idiots. Nobel est donc un insensé naufrage artistique qu’une fin ridicule finit de discréditer. Entre Berlus-conneries insipides et ce film d’auteur vieillot, le cinéma italien vit décidément des heures difficiles.

par Yannick Vély

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