Niki et Flo
Roumanie, 2002
De Lucian Pintilie
Scénario : Cristi Puiu, Razvan Radulescu
Avec : Micaela Caracas, Victor Rebengiuc, Razvan Vazilescu
Durée : 1h30
Sortie : 24/09/2003
Niki et Flo sont deux voisins sans histoire. En apparence… car sous la sympathie d’apparat, vivote une colère qui tarde à éclater au grand jour.
MON MEILLEUR ENNEMI
Niki, coiffé contre son gré à la Mickey Mouse, n’a plus le sourire. Tout le contraire de Flo, son voisin rigolard, qui préfère ignorer le pansement qui trône sur son crâne abîmé. Le film est à leur image, grimé par le déguisement d’une ironie malhabile et enlisé dans une démonstration absconse. Deux Roumanie, perdues entre un présent sans illusion et un fantasme de passé, symbolisées par un clown blanc et un Auguste comme représentations de l’hydre à deux têtes. Pourtant, il ne reste pas grand chose d’un background socio-politique rapidement pris dans les brumes. L’enjeu est cette relation carnivore où un clown dévore son comparse, où le chapiteau s’anime d’un murmure d’exaspération pour le moins communicatif. Ainsi, Niki et Flo devient le théâtre laborieux de tensions aussi retenues que lourdement évidentes durant tout le film, désamorçant par là-même la complexité du rapport entre ses deux personnages principaux puisqu’il apparaît sans l’ombre d’un doute que ces deux là n’existent que pour se conformer tristement à leur costume et devront, pour l’un, haïr et ronger son frein dans le silence, et pour l’autre, devenir cannibale tout en castrant son voisin. D’un rébarbatif achevé, le film de Lucian Pintilie est un pénible chemin de croix dénué du moindre intérêt, souffrance aigüe de tous les instants où l’on a l’impression que tout ceci aurait pu durer ad vitam eternam jusqu’à ce que la libération finale achève dans un râle de soulagement le doux supplice. Trop tard, puisque d’un bout à l’autre, le menu s’est révélé épouvantable.