Hors compétition: The Nice Guys

Hors compétition: The Nice Guys
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Nice Guys (The)
États-Unis, 2016
De Shane Black
Scénario : Shane Black
Avec : Russell Crowe, Ryan Gosling
Photo : Philippe Rousselot
Musique : David Buckley, John Ottman
Durée : 1h56
Sortie : 15/05/2016
Note FilmDeCulte : *****-
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Los Angeles. Années 70. Deux détectives privés enquêtent sur le prétendu suicide d'une starlette. Malgré des méthodes pour le moins "originales", leurs investigations vont mettre à jour une conspiration impliquant des personnalités très haut placées...

FORGET IT, JACK. IT'S L.A.

Dès sa toute première séquence, Shane Black donne le ton : The Nice Guys est tout droit sorti d'une page centrale d'un Playboy des '70s. Dans le célèbre magazine, figuraient évidemment des femmes nues mais également des nouvelles, comme le Duel de Richard Matheson, et le dernier opus du cinéaste fait office de roman de gare, moins méta que Kiss Kiss Bang Bang dans son hommage aux films noirs, mais tout aussi pulp. En gros, Shane Black fait Chinatown mais dans son Los Angeles à lui, vulgaire et smoggy. Toutefois, derrière le cynisme, le film cache un coeur gros comme ça.

Il est étonnant de voir la façon dont Black, qui s'était barré de la suite de L'Arme fatale parce que le studio voulait plus d'humour et ne souhaitait pas que Riggs meure à la fin, s'est peu à peu converti de lui-même à la comédie. Le Dernier Samaritain est un polar d'action plutôt noir mais parcouru de bons mots. Last Action Hero est quasiment une parodie du genre que Black a aidé à créer. Et si Au revoir à jamais cherchait à revenir vers une formule plus équilibrée, depuis qu'il porte lui-même ses écrits à l'écran, l'auteur n'hésite pas à tourner en dérision les stéréotypes et archétypes, comme justement le fait que tous ceux que l'on croyait mort à la fin de Kiss Kiss Bang Bang survivent. Aujourd'hui, ses protagonistes ne sont plus des pros mais des amateurs. Robert Downey Jr. campait un voleur à la petite semaine qui s'improvisait détective dans Kiss Kiss Bang Bang et même son Tony Stark n'est pas le super-héros badass qu'il croit être dans Iron Man 3, où un gag vient constamment le remettre à sa place dès qu'il s'y croit trop (et si ça désamorce l'émotion, c'est pour mieux servir le propos sur la dépendance à l'armure).

Cette veine slapstick qu'il explorait réellement pour la première fois dans son film précédent, est omniprésente dans The Nice Guys, où elle se fait même encore plus drôle que les répliques toujours aux petits oignons. Après nous avoir habitué aux rôles sérieux pour ne pas dire ténébreux, Ryan Gosling brille comme jamais dans un registre comique, confirmant les promesses de sa performance dans Crazy Stupid Love. Black revisitait plusieurs de ses films dans Iron Man 3 et seul Le Dernier Samaritain manquait à l'appel. La relation entre Holland March, le détective joué par Gosling, et sa jeune fille reproduit le schéma du film de Tony Scott, donnant un rôle plus important à cette dernière dans le récit. En effet, elle est en quelque sorte le coeur de l'histoire. C'est à son contact que le tandem évolue. Son père, évidemment, mais également le partenaire de ce dernier, plus en retrait mais tout aussi attachant, Jackson "Jack" Healy. Un gros bras qui s'est habitué à la violence dans sa vie, interprété par un Russell Crowe bedonnant et paternel. Désormais, Joe Hallenbeck et Roger Murtaugh ont plus de failles et c'est ce regard tendre envers ses losers et héros vieillissants qui rend le film humain malgré la distance apportée par l'humour. Ainsi s'incarne le propos, tout comme le montre également la conclusion à cette intrigue comme toujours alambiquée : forget it, Jack, it's Los Angeles...l'important, c'est d'être un nice guy aux yeux de sa fille.

par Robert Hospyan

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