Neds

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Neds
Royaume-Uni, 2011
De Peter Mullan
Scénario : Peter Mullan
Avec : Conor McCarron
Photo : Roman Osin
Musique : Craig Armstrong
Durée : 1h58
Sortie : 31/08/2011
Note FilmDeCulte : *-----
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Glasgow, 1973. Le jeune John McGill est sur le point d’entrer au collège. Garçon brillant, la voie est cependant loin d’être toute tracée pour lui, entre un père violent et les préjugés de ses professeurs qui n'ont pas oublié son frère aîné "irrécupérable", Benny, devenu membre des NEDS. Les NEDS (Non Educational Delinquents), dangereuses petites frappes, font régner la terreur dans les quartiers. La réputation de Benny vaut à John d’être protégé et lui ouvre très vite les portes du gang.

DIS BONJOUR AU MAUVAIS GARÇON

En 2002, Peter Mullan raflait le Lion d'or à Venise pour The Magdalene Sisters, qui retraçait le calvaire de quelques jeunes filles envoyées au couvent de Marie-Madeleine tenu par des bonnes sœurs folles. Et si le long métrage ne brillait pas par sa subtilité, il y avait, notamment dans le traitement des bonnes sœurs filmées comme de grotesques démons échappées du Couvent de Mike Mendez, une puissance quasi fantastique, avec en face d'elles des jeunes victimes aux personnages plus solides. 8 ans plus tard, Peter Mullan revient à la réalisation avec encore une fois un récit d'éducation, ici plus masculin, centré sur des garçons violents et déscolarisés. Mais Neds n'est qu'une caricature de ce qui déjà dans son impressionnant The Magdalene Sisters flirtait avec la ligne rouge. Quel crédit donner à un personnage qui passe en un claquement de doigt de latiniste effacé et joufflu à tueur en puissance, de petit génie à bœuf au regard mort? Il n'y a là qu'une volonté de scénariste, mais de personnage, jamais. Neds est si manichéen qu'il aurait pu être filmé en noir et blanc, bas du panier d'une production britannique prévisible jusqu'au désespoir: on sait, au bout de 20 minutes, que rien, ni dans la mise en scène, ni dans l'écriture, ni dans le jeu (avec ses gueules qui viennent cabotiner à tour de rôle, dont Mullan lui-même jouant un ogre alcoolique) ne viendra jamais surprendre - exception faite d'une irruption fantasmée et totalement ratée d'un Jésus bagarreur.

Quel point de vue? Les bandes de gamins se courent les unes après les autres avec du rock à rebelles en fond sonore, ou de la pop sucrée pour l'ironie. Sur le phénomène de groupes, sur l'intimidation, l'enfance confrontée à la violence, on repense notamment à l'étouffant Play de Ruben Östlund, présenté cette année à la Quinzaine des réalisateurs, et qui plane à des kilomètres au-dessus du faux-choc de Peter Mullan. Le plan final tartiné de Craig Armstrong ressemble à la fois à un fiche de lecture pour les nuls et un tampon pour ceux qui n'auraient pas compris que le lion est un lion pour le lion. La violence était pourtant déjà là, dans un système scolaire qui écrase ses mômes. Mais ce n'est pas la violence de Neds qui est éprouvante, plutôt sa bêtise.

par Nicolas Bardot

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