Kansai, l'autre cinéma japonais: National Anthem
Japon, 2003
De Hiroshi Nishio
Scénario : Hiroshi Nishio
Durée : 1h40
Un matin, après le passage d’un typhon, une bombe datant de la guerre est découverte dans un chantier. Le lendemain, l’un des employés du chantier se suicide en se jetant sur la route. Dès lors, des crimes inexplicables se succèdent, comme si la ville était en proie à une folie meurtrière.
L'HYMNE A LA MORT
Présenté dans le cadre du cycle Kansai: l'autre cinéma japonais, National Anthem, réalisé en 2003, a déjà un petit côté vintage. Produit pour le marché vidéo, ce long métrage s'inscrit en effet dans le très riche revival du fantastique nippon initié par le carton du Ring de Hideo Nakata à la fin des années 90, une vague qui s'est largement calmée depuis. Pourtant, on ne peut pas dire que National Anthem soit un pur exemple du genre, plutôt un étrange hybride, un mariage contre-nature entre les cinémas de Kiyoshi Kurosawa (qui serait admirateur du film) et de Jean Rollin. National Anthem rappelle le goût pour l'apocalypse du maître japonais, effectue une variation sur l'argument épidémique de Cure, s'installe dans un même décor de Japon déserté, fantôme, de zones industrielles abandonnées. Par la force des choses, National Anthem, qui semble avoir été produit pour le budget d'un quatre heures, rappelle également une certaine idée du cinéma fantastique de guérilla à la Rollin: un manque de moyens qui sur certains points confine à l'amateurisme (travellings tremblants sur des rails plus que bricolés, coups non portés, bruitages foireux), mais l'approximation n'est pas totalement, ici une fatalité. La personnalité, l'atmosphère de National Anthem découlent aussi de ses limites. Le récit à trous intrigue, porté par un non-rythme à la fois languissant et répétitif jusqu'à un relatif pouvoir hypnotique. Hiroshi Nishio garde ses mystères pour lui, dans ce Japon contaminé, dépeuplé, jusqu'au finale d'une révolte punk-amazone sous le feu des hélicoptères (et d'un coup, en un simple usage de la bande sonore, bruits d'hélices et de mitraillettes, le minimalisme bascule dans le film de guerre). Une curiosité qui reste à ce jour l'unique long métrage de son réalisateur, Hiroshi Nishio.
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National Anthem est diffusé dans le cadre du cycle Kansai: l'autre cinéma japonais.