Narc
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États-Unis, 2002
De Joe Carnahan
Scénario : Joe Carnahan
Avec : Richard Chevolleau, Ray Liotta, Chi McBride, Anne Openshaw, Jason Patric, Busta Rhymes
Durée : 1h40
Sortie : 30/07/2003
Un agent infiltré de la brigade des stupéfiants se fait tuer. Lorsque l'enquête stagne, la police de Detroit fait appel à Nick Tellis, ex-flic des stups licencié 18 mois plus tôt. Il doit faire équipe avec l'agressif Henry Oak, vétéran et ami de la victime. Nick doit également faire avec sa femme qui n'apprécie pas son retour dans la rue et avec sa propre culpabilité envers son passé de toxicomane et l'erreur qui lui fut fatale...
Précédé d’une réputation fort élogieuse, remarqué entre autres à Sundance et Cognac, acheté par Tom Cruise qui se chargea de le distribuer (et d’engager son réalisateur pour Mission: Impossible – 3), Narc n’est pas la bombe attendue. Néanmoins, ce deuxième long métrage de Joe Carnahan (dont le premier essai, Blood, Guts, Bullet and Octane, est inédit presque partout) révèle un cinéaste prometteur, définitivement à suivre. Egalement scénariste, l’auteur cite French Connection et Serpico pour définir le genre de film qu’il a voulu faire avec ce petit polar. Celui-ci est centré autour de ses deux protagonistes, dont il présente le monde, entre un métier de plus en plus impossible et une vie un tant soit peu gâchée. On pensera également à Heat, mais si le film ne se situe visiblement pas à la hauteur de ces illustres modèles, il s’avère amplement convaincant.
A l’exception de quelques effets de style inadéquats, la mise en scène de Carnahan transfigure bien l’état de ses personnages, hantés par leur passé, leur présent, leur futur. Aidé par les tonalités froides du chef opérateur Alex Nepomniaschy et la partition envoûtante de Cliff Martinez, le réalisateur instaure une atmosphère pesante autour des personnages, plongeant le spectateur dans leurs méandres. Avec un style proche du documentaire et des films policiers actuels, le cinéaste va même jusqu’à filmer caméra au poing ses acteurs menant l’enquête, posant leurs questions à des vagabonds et autres passants rencontrés en pleine rue lors du tournage. Cette recherche d’une véracité effective transporte le film au-delà du polar commun. Plus intéressé par ces individus errants que par l’investigation elle-même, Carnahan présente son "héros" Tellis (Jason Patric) comme un caractère en proie à une introspection, dissimulé sous l’apparence de cette nouvelle affaire. Il donne ainsi la part belle à ses acteurs, le trop souvent absent Ray Liotta mais surtout Patric, qui trouve ici sans aucun doute son meilleur rôle et porte une majeure partie de l’ouvrage sur ses épaules.
Narc propose une alternative aux polars musclés et s’inscrit donc dans la lignée des titres cités plus haut. Il permet également à deux comédiens rares de revenir un minimum sur le devant de la scène. On a donc toute confiance en Joe Carnahan pour ses œuvres futures. En attendant son premier blockbuster, on peut se précipiter sur le court métrage qu’il a réalisé pour la série de films BMW (à laquelle ont également participé John Frankenheimer, Ang Lee, Wong Kar-Wai, Guy Ritchie, John Woo et Tony Scott), le magnifique Ticker.
