Le Mystère Henri Pick
France, 2019
De Rémi Bezançon
Scénario : Rémi Bezançon, Vanessa Portal d'après d’après l’œuvre de David Foenkinos
Avec : Bastien Bouillon, Camille Cottin, Marc Fraize, Alice Isaaz, Fabrice Luchini
Photo : Antoine Monod
Musique : Laurent Perez Del Mar
Durée : 1h40
Sortie : 06/03/2019
Dans une étrange bibliothèque au cœur de la Bretagne, une jeune éditrice découvre un manuscrit extraordinaire qu'elle décide aussitôt de publier. Le roman devient un best-seller. Mais son auteur, Henri Pick, un pizzaïolo breton décédé deux ans plus tôt, n'aurait selon sa veuve jamais écrit autre chose que ses listes de courses. Persuadé qu'il s'agit d'une imposture, un célèbre critique littéraire décide de mener l'enquête, avec l'aide inattendue de la fille de l'énigmatique Henri Pick.
TIRÉ À PART
On avait quitté Rémi Bezançon sur la note légèrement amère d’un Nos futurs moins abouti que ses précédentes œuvres. Mais le retrouver, quatre ans plus tard, aux commandes d’une machine promettant un polar en milieu littéraire avait de quoi susciter un véritable intérêt et nous avions tôt fait de nourrir l’espoir de retrouver l’auteur de Ma vie en l’air et de Le Premier jour du reste de ta vie dans une forme qu’on espérait presque plus. Las, Le Mystère Henri Pick rate le coche de l’adaptation incarnée et se retrouve propulsé téléfilm pantouflard du dimanche soir ayant reçu le label qualité France 3 région. Bon, soyons honnête, derrière cette formule un peu rêche se cache surtout une évidente déception. Déception de voir un auteur au talent évident perdre encore un peu plus de sa superbe en s’aventurant dans cette récréation impersonnelle, mais tout autant déception d’amateur d’enquêtes au cordeau et d’intrigues en forme de jeux de pistes alambiqués que cette adaptation d’un roman de David Foenkinos n’arrive jamais à composer. Car oui, ici, on assiste bien à une enquête ronronnante qui tourne à vide une bonne moitié du temps et qui a du mal à nous tenir en haleine tant ledit “mystère“ est malheureusement trop vite deviné/éventé, la faute à de fausses pistes manquant d’épaisseur et à une linéarité dramaturgique aux rebondissements assez inconséquents. Certes Luchini en limier des bibliothèques et des rayons poussiéreux, sorte de Bernard Pivot / Hercule Poirot passionné et cynique, arrive à nous embarquer à ses côtés sans trop insister surtout lorsqu’il est accompagné par une Camille Cottin totalement à l’aise (leur tandem fonctionne parfaitement et c’est en fait lui, via quelques moments irrésistibles, qui nous fait rester devant cette énigme pas si énigmatique que ça), mais c’est peut-être trop peu pour remporter l’adhésion totale d’une audience et enflammer le détective qui sommeille au fond de chaque spectateur. Gageons tout de même que le film conserve une aura plutôt sympathique et qu’il saura remplir certaines de ses fonctions de divertissement populaire lors de dimanche soir hivernaux pluvieux. Mais ce qu’on espère surtout c’est retrouver un Rémi Bezançon plus impliqué et au meilleur de sa forme pour un futur projet plus percutant et surtout plus personnel.