My Daughter
Malaisie, 2010
De Charlotte Lim
Scénario : Charlotte Lim
Avec : Thien See Chua, Fooi Mun Lai
Photo : Wen-chung Sung
Musique : Guan Ng Chor
Durée : 1h16
Faye, dix-huit ans, vit avec sa mère célibataire qui l'a élevée seule. Faye ressent à son égard des sentiments contradictoires d'amour et de haine.
MA MERE
Premier film d'une assistante de Tsai Ming Liang et de Ang Lee, loué par Abbas Kiarostami, primé à Pusan et plus récemment à Deauville Asia, My Daughter n'arrive donc pas totalement incognito. Mais le long métrage de la Malaisienne Charlotte Lim se montre à la hauteur, racontant avec talent l'histoire d'une mère, de sa fille, et de leur rapport inversé. La première est une épave au cœur cassé et quelques bleus sur le visage, la seconde s'en occupe, la materne, partagée entre colère et attachement. On ne voit qu'elles, Charlotte Lim scrutant avec délicatesse le lien qui les unit, aussi indescriptible que viscéral, dans les coups de colère comme lorsque l'une pose sa tête sur l'épaule de l'autre - les figurants tambourineront à la porte mais eux, on les verra pas. De la même façon, la cinéaste expulse les scènes dramatiques, par l'ellipse ou le décadrage, captant avec pudeur le quotidien et sa routine morose, racontant en creux la relation houleuse entre ses personnages. "Tu sais ce qu'on dit de toi?", lance, à bout, la fille à sa mère. Relation houleuse certes, mais aussi récit d'une protection, fragile, Lim décrivant avec justesse les contradictions qui animent son héroïne. La réalisatrice, comme la tortue qu'elle filme empêtrée sur le dos mais qui finalement retombe sur ses pattes, trouve peu à peu, par touches impressionnistes, l'équilibre parfait entre une certaine grâce et une gravité, une délicatesse sans sensiblerie de poupée, jusqu'à son étrange épilogue en rêverie amère, où la fille s'autorise à redevenir enfin une adolescente. Petit film mais vraie petite révélation.