Mother (The)

Mother (The)
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Mother (The)
, 2003
De Roger Michell
Scénario : Hanif Kureishi
Avec : Cathryn Bradshaw, Daniel Craig, Danira Govich, Anne Reid, Peter Vaughan, Anna Wilson-Jones
Durée : 1h51
Sortie : 10/03/2004
Note FilmDeCulte : **----

May et son mari Toots, retraités british paisibles, vont passer quelques jours chez leurs enfants trentenaires, à Londres. La nuit suivant un repas de retrouvailles arrosé et joyeux, Toots décède d’une crise cardiaque. May ne parvient pas à se résoudre à rentrer chez elle, dans sa grande maison vide. Elle impose donc sa présence à ses enfants et devient pour le moins envahissante. Surtout lorsqu’elle tombe amoureuse de Darren, le petit ami de sa fille…

LA MAMAN EST LA PUTAIN

Que Roger Mitchell tente de se racheter une respectabilité indy après le succès de Coup de foudre à Notting Hill, pourquoi pas. Qu’il prenne le risque d’arpenter les terres par trop rebattues récemment (Crush, le club des frustrées, Embrassez qui vous voudrez, Tout peut arriver, et on en oublie) du désir inter-âges, c’est déjà plus délicat. Qu’il étale cela sur près de deux heures clichées et dangereusement disparates, ça commence à faire beaucoup. Pourtant, ce serait faire preuve de mauvaise foi que de ne pas lui reconnaître certaines qualités inattendues. D’autant qu’il faut attendre que les vingt premières minutes du film soient passées pour commencer à émettre certains doutes. En effet, le film s’ouvre sur une habile succession de saynètes relativement bien écrites, dans une veine so british évoquant la première partie du Under The Skin de Carine Adler, opposant la neurasthénie des seniors à l’agitation urbaine des trentenaires. Seulement voilà, The Mother ne tient pas la longueur. C’est d’ailleurs le vrai problème du film, incapable de se positionner exactement, évoluant d’une certaine virtuosité de mise en scène (un plan séquence à la première personne dans les dédales d’un loft londonien) au symbolique des plus basiques (gros plan sur les pantoufles vides de Toots, pour surligner son absence). Mitchell semble redouter son sujet, la gérontophilie, et l’enveloppe d’une fausse pudibonderie de magazine féminin: les scènes de sexe sont tellement loupées que l’objet du délit ne peut être représenté que sur des dessins grossiers; les affrontements mère-fille sont sur-écrits au possible, et ne volent pas beaucoup plus haut que de la psychologie de bazar, etc. Cette inégalité regrettable s’exprime à tous les niveaux du film, jusque l’interprétation, qui passe allégrement de l’admirable (Anne Reid, étonnante dans le rôle-titre) à l’insupportable (les gimmicks névrosés de Cathryn Bradshaw). Pour saisir la tension sexuelle et la jalousie inter-générationnelle, l'on en restera donc au Swimming Pool de Ozon, autrement plus assumé et troublant.

par Guillaume Massart

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