Mother & Child
États-Unis, 2010
De Rodrigo Garcia
Scénario : Rodrigo Garcia
Avec : Annette Bening, Samuel L. Jackson, David Morse, Kerry Washington, Naomi Watts
Photo : Xavier Pérez Grobet
Musique : Edward Shearmur
Durée : 2h05
Sortie : 17/11/2010
Karen est tombée enceinte à l'âge de quatorze ans, à l'époque, elle n’avait d’autre choix que d’abandonner cet enfant. C'était il y a trente-cinq ans... Aujourd’hui, Elizabeth, sa fille, est une brillante avocate. Elle n'a jamais tenté de retrouver la trace de sa mère biologique jusqu’au jour où elle tombe enceinte. De son côté, Lucy voit enfin son rêve d'adopter un enfant se réaliser. Confrontées simultanément à d'importants choix de vie, ces trois femmes verront leurs destins se croiser de manière inattendue.
TOUTES LES MAMAS
« Ce que je n’aime pas dans les character driven films, c’est quand les personnages n’arrêtent pas de parler de leurs sentiments. C’est ridicule ! Le non-dit m’intéresse beaucoup-plus ». Il faut presque se pincer pour croire que ces propos sont bien de Rodrigo Garcia, scénariste et réalisateur de Mother and Child (et fils de Gabriel Garcia Marquez), tant son film en est le contre-exemple parfait. A la base, Mother and Child est pourtant un honnête mélo trans-générationnel, dans lequel trois histoires de femmes dignes se font écho l’une à l’autre, grâce à un récit éclaté et tout en va-et-vient à la Inarritu (qui est d’ailleurs producteur du film). Une formule scénaristique qu’on commence maintenant à plus que bien connaitre. Mais ce qui frappe, c’est justement la propension de ses personnages à sur-expliquer en permanence tous leurs états d’âme. Chaque scène et chaque dialogue semble servir de prétexte à chacune pour réciter sa note d’intention de A à Z, où des dialogues redondants viennent surligner ce qui était déjà pourtant évident. Comme des origamis mis à plat à coup de marteaux répétés, ces femmes-là n’ont plus ni mystère ni attrait. Ça en deviendrait parfois presque divertissant d’ailleurs, comme quand Annette Bening ne peut plus s’empêcher d’expliquer tous les méandres de sa personnalité au point d’en devenir intarissable.
Chaque actrice a également droit à moult scènes à oscars, avec confessions à gogo, yeux brouillés, regard perdu dans le vide (le geste-clé d’Annette Bening, réutilisé à qui mieux mieux) et mâchoire qui tremble (à peu près le seul élément de jeu Kerry Washington). Ça n’aurait rien de problématique si ces scènes là n’étaient pas étouffées sous cet épais vernis scénaristique qui rend le tout un peu trop lisse et artificiel pour emporter la mise. Dommage car le casting est loin d’être le point faible du film (sauf Kerry Washington, clairement à la ramasse par rapport à ses deux collègues). Au final, tout mélo qu’il soit, le film n’est pas franchement émouvant. Et paradoxalement, il en ressort également une image assez conservatrice de la maternité, où un bébé finit toujours par être plus heureux avec sa famille biologique. En effet, les personnages ont beau répéter l’inverse, ce sont justement les liens du sang qui unissent toutes ces histoires en une seule et même famille.