Motel Mist
Thaïlande, 2016
De Prabda Yoon
Scénario : Prabda Yoon
Photo : Chananun Chotrungroj
Durée : 1h45
Sopol, un homme d'âge mûr qui a développé un goût particulier pour les fétiches sexuels dangereux et bizarres, emmène sa nouvelle jeune proie, une lycéenne nommée Laila, dans la chambre numéro 7 du Motel Mistress qu'il a customisée pour assouvir ses pulsions sexuelles. Pendant ce temps, Tun, ex-enfant star, est porté disparu. Les médias se déchainent et pensent que les extraterrestres sont venus le chercher. Tun est en fait lui aussi au motel...
LA CHAMBRE INTERDITE
Motel Mist est le premier long métrage de Prabda Yoon (lire notre entretien) mais le réalisateur thaïlandais n'est pas un total inconnu puisqu'il a scénarisé deux films de Pen-Ek Ratanaruang dont son meilleur : Last Life in the Universe. De Last Life... à Motel Mist, on reconnait le goût de Yoon pour les ruptures du coq à l'âne mais aussi pour le mystère. Mais Motel Mist est assez différent du cinéma de Ratanaruang, assez différent tout court puisque cet ovni semble provenir d'une autre planète. Venir d'une autre planète : c'est le sentiment d'un des personnages de Motel Mist, un ex-enfant star qui s'imagine - mais s'agit-il vraiment de son imagination ? - qu'il a des liens rapprochés avec les aliens. C'est l'une des pistes de ce labyrinthe pop qui suit d'abord une autre intrigue, celle d'un bonhomme emmenant dans un motel (le "Motel Mistress", dont les lettres vont s'éteindre peu à peu pour laisser place au brouillard) une lycéenne qu'il espère croquer.
Si Yoon aime le mystère, il semble parfois aussi jouer la montre. "This movie is boring, can we change it ?", entend-on au détour d'une scène - on n'est pas loin de penser la même chose. Mais peu à peu, les temps morts dans ce motel coupé du monde deviennent absurdes et drolatiques. Quelque chose se casse, se décroche, et Prabda Yoon parvient avec talent à faire passer des vessies pour des lanternes. Les feux d'artifices brillent plus qu'ailleurs, les combats de gode sont très joyeux, une planète extraterrestre apparaît dans un œil : la charade perchée et non-sensique finit par devenir aussi ludique que poétique à force de surréalisme. Yoon en arrive au point où il peut bien filmer des canalisations et parvenir à être captivant. Avec ses couleurs de Dragibus, Motel Mist paraît mignon et séduisant mais il a aussi les qualités d'un cinéma où l'on a la sensation que tout peut arriver. Et son générique de fin, dans lequel brûlent des torches lors d'une nuit mystérieuse, est de toute beauté.