Moonlight

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Moonlight
États-Unis, 2016
De Barry Jenkins
Scénario : Barry Jenkins
Durée : 1h51
Sortie : 01/02/2017
Note FilmDeCulte : ****--
  • Moonlight
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Après avoir grandi dans un quartier difficile de Miami, un jeune homosexuel noir tente de trouver sa place dans le monde.

GARÇON FRAGILE

C'est l'un des phénomènes de cette saison Oscars, et pourtant le sujet de Moonlight n'a rien de réellement Oscar-friendly. Le long métrage de Barry Jenkins raconte le quotidien d'un Noir homosexuel en Floride à trois moments distincts de sa vie. Le début du film, avec une longue prise nerveuse et sans coupe, donne le ton d'une mise en scène qui impose son tempo. Moonlight ne fait pas partie – et c'est une bonne nouvelle – de ces indés américains qui se contentent d'illustrer un scénario et où l'émotion ne naît au mieux que de ce qui est écrit, au pire de ce qui est dicté. Moonlight émeut d'abord par sa mise en scène, sa grâce visuelle, son usage déroutant des couleurs et de la lumière qui tranche avec la glauquerie de ce trou à camés, si loin (et pourtant si proche) des plages de Miami Beach.

La mise en scène sensible de Jenkins fait le portrait d'un gosse maltraité puis d'un ado groggy, KO debout. Si le thème de la masculinité toxique et de sa construction devient un peu moins rare dans le cinéma contemporain, il reste inédit chez de tels personnages afro-américains et queer. Moonlight raconte la machine à écraser toute altérité, notamment chez les garçons qui doivent apprendre à avoir un cœur de pierre de peur de passer pour un homo. C'est le nœud tragique qui se noue dans Moonlight ; un film qui rejoint les thématiques d'une Toni Morrison et du racisme intériorisé, appliqué à soi-même, brandi comme une menace tout autour, et appliqué ici à l'homophobie.

Le dernier segment, malheureusement, est moins intéressant plastiquement et se repose davantage sur ce qui est dit, plus que sur ce qui jusqu'ici était ressenti. Plus explicite alors qu'il aimerait jouer le non-dit, ce dénouement fonctionne moins bien mais il en ressort également une amertume. Lorsque Hello Stranger de Barbara Lewis retentit du jukebox et que cela semble être tout sauf un hasard. Lorsque l'armure de mâle construite depuis des années commence à se fendre. Lorsque les gaillards musculeux se rendent à l'évidence et savent qu'ils n'ont jamais été eux-mêmes.

par Nicolas Bardot

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