Monsterz
Un homme qui a la capacité de contrôler les gens par la seule force de son regard préfère mener une vie solitaire au lieu de faire plier l’humanité à son bon vouloir. Lorsqu’il fait usage, avec parcimonie, de son pouvoir, il s’assure que personne ne se souvienne d’avoir été manipulé. Sa petite vie sans saveur prend une tournure particulière lorsqu’il croise le chemin de Shuichi Tanaka. Ce dernier semble être le seul à pouvoir résister à ses pouvoirs télékinétiques. Troublé et furieux de ne pouvoir contrôler Shuichi, il décide de le faire disparaître coûte que coûte…
MONSTRE ACADÉMIQUE
Un an seulement après The Complex, resté inédit en France, Hideo Nakata (lire notre entretien) revient avec Monsterz. Le Japonais délaisse le genre pour lequel on le connait (l’horreur) et signe un thriller fantastique qui est le remake d’un long métrage coréen. On peut résumer (grossièrement) son argument en un mix de Scanners et d’Incassable. Excitant ? La somme n’est malheureusement pas vraiment à la hauteur. On a pu voir que Nakata avait franchi un palier supplémentaire avec The Complex, pur film de mise en scène qui transcendait par la forme un scénario assez tartignole – son finale psychédélique évoquant à la fois Suspiria d’Argento et House d’Obayashi est un des sommets de sa filmographie. Mais la magie prend moins sur Monsterz, où le script là encore basique est moins bousculé par Nakata. Son savoir-faire est là, et le savoir-faire même au smic d’un réalisateur talentueux vaut mieux que le savoir-faire du tout venant, mais Monsterz ne restera pas parmi ses films les plus marquants.
Tout n’est pourtant pas à jeter dans cette petite récréation. Et si Nakata se frotte à un autre genre, c’est encore dans l’horreur qu’il réussit le mieux. A l’image du prologue et de la précision avec laquelle il installe un climat d’angoisse, par un découpage minutieux, un sens du tempo et du cadre, et l’utilisation de la musique de son vieux compère Kenji Kawai. Les humains rendus immobiles tels les fantômes de ses précédents longs métrages sont une trace de ses succès passés, mais il y a d’autres nouveautés dans Monsterz. On pense à certains éléments de comédie plus (les sidekicks du héros) ou moins (le héros qui se prend un banc et des pots de fleurs dans la figure façon Ça Cartoon) volontaires. Le dénouement dans un théâtre en folie laisse espérer un geyser de catastrophe cruelle à la Bomba Star, mais ce que le film gagne en images puissantes (une marée humaine éclairée de rouge par un Junichiro Hayashi dans la même veine colorée que The Complex), il le perd en lourdes explications scénaristiques.