Mondovino

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Mondovino
États-Unis, 2003
De Jonathan Nossiter
Avec : Lina Columbu, Aimé Guibert, Yvonne Hegoburu, Robert Mondavi, Robert Parker, Michel Rolland
Durée : 2h40
Sortie : 03/11/2004
Note FilmDeCulte : *****-

Du Brésil aux caves bordelaises, le réalisateur américain Jonathan Nossiter enquête sur le monde du vin. Derrière les politesses de façade se cache un univers trouble où pouvoir, argent et amour du divin nectar se confondent.

IN VINO VERITAS

Réalisateur indépendant américain très apprécié de la critique, Jonathan Nossiter (Sunday) a une seconde passion en dehors des plateaux de cinéma, le vin. Onologue respecté - il établit la carte des vins de certains grands restaurants new-yorkais -, il rêvait depuis longtemps de mettre en scène un film sur cet univers si particulier. Trois longues années furent nécessaires pour réaliser son voeu. Auréolé d'une sélection de dernière minute dans la compétition officielle du dernier Festival de Cannes, Mondovino est un documentaire vertigineux sur les ravages de la mondialisation économique, une vaste enquête sur le nouveau marché du vin, ou comment les Mondavi, une famille californienne attirée par l'odeur du profit (bien aidée par un critique gastronomique omnipotent, Robert Parker et son ami français, Michel Rolland qui, lui, établit les crus à la carte dans ses laboratoires de goût), se sont emparés d'une culture millénaire en imposant une norme universelle. Jonathan Nossiter n'a même pas besoin de forcer le trait ou d'expliquer par une voix off les tenants et les aboutissants d'une dérive quasi mafieuse. Les images et les discours suffisent. Le contraste est saisissant entre la mégalomanie des nouveaux riches de la viticulture qui exposent leurs oeuvres d'art comme autant de trophées et l'humilité des anciens vignerons qui se battent chaque jour pour résister à l'envahisseur.

APPELLATION D'ORIGINE CONTROLEE

Mondovino débute en Amérique du Sud, dans la province désertique du Nordeste, au Brésil, une terre dépourvue de vignes. Une façon pour Jonathan Nossiter d'expliquer que le vin n'est pas un exemple isolé, que les affres de la globalisation concernent l'ensemble du monde agricole, que l'on soit exploitant viticole ou simple paysan. On quitte vite cette vision de pauvreté, de dénuement absolu pour rejoindre les grands châteaux bordelais. Changement de décor. Mercedes avec chauffeur, costard cravate de rigueur, Michel Rolland arpente entre crises de fous rires savamment orchestrées les domaines qui font appel à ses services. Tout semble bien rôdé. Robert Parker donne un mauvais classement à tel ou tel cru. On s'en remet à Michel Rolland qui en modifie le goût ancestral par l'ajout de différentes substances et comme par enchantement, Robert Parker modifie sa note et les ventes s'envolent. On reste les bras ballants devant tant de cynisme avéré. Bien sûr, la résistance s'organise - un village languedocien, une famille de vignerons bourguignons – mais paraît bien faible face à la puissance financière des grands groupes américains. Et puis, comme le souligne un journaliste "corrompu" - il vit aux frais d'un propriétaire dont il met les vins en une de son magazine! -, si les Français râlent trop, l'argent ira ailleurs. En Italie, au Chili, en Argentine, où le vin est resté une affaire d'élites. Edifiant. Avec Mondovino, Jonathan Nossiter signe un grand film politique, une oeuvre d'utilité publique.

par Yannick Vély

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