Monde selon Bush (Le)
France, 2004
De William Karel
Scénario : William Karel, Eric Laurent
Avec : Franck Carlucci, Colin Powell
Durée : 1h30
Sortie : 23/06/2004
William Karel s'interroge sur le poids de l'entourage néo-conservateur du président actuel des Etats-Unis, George W. Bush et sur les éléments qui ont conduit l'Amérique à déclarer la guerre à l'Irak
ZONE INTERDITE
Spécialiste de la question américaine à laquelle il a consacré l'excellente série de reportages et d'entretiens CIA: guerres secrètes, le documentariste William Karel s'applique cette fois-ci à démontrer le haut degré de corruption de l'entourage néo-conservateur de Georges W. Bush, l'actuel président des Etats-Unis. Un ex-alcoolique qui a trouvé Dieu comme unique salut et qui depuis, se sent investi d'une mission; un pantin aux mains d'un entourage sans scrupules qui le manipule sciemment pour toujours plus de contrats et de pouvoir. Certaines images font mouche: le discours d'un vieux sénateur (ami de Bush père qui éructe sa colère au cours d'une séance du Congrès), le sourire d'Ariel Sharon (premier ministre israélien) à la tribune d'une réunion de secte protestante à laquelle appartient le président américain, le conflit irakien et l'impression d'assister à un remake de La Chute du Faucon noir avec des jeunes soldats dépassés par les événements. Les prises de position d'anciens agents de la CIA - a priori peu enclins à dénoncer des agissements suspects - installent un vrai malaise. On le savait déjà mais on nous le confirme. Il y a quelque chose de pourri au royaume des Etats-Unis.
DANS LES COULISSES DU POUVOIR
De par leur sujet, il est inévitable de mettre en parallèle Le Monde selon Bush de William Karel avec Fahrenheit 9/11 de Michael Moore. Il s'agit pourtant de deux approches différentes mais complémentaires. Plus informative et rigoureuse sur la forme comme sur le fond, la première apparaît légèrement déconnectée du réel, au contraire de la seconde qui, elle, colle à l'actualité, possède un vrai point de vue subjectif énoncé clairement dès les premières secondes, et s'adresse à tous et non pas à un auditoire ayant déjà quelques connaissances en géopolitique. C'est en effet le principal reproche que l'on peut adresser au Monde selon Bush. A moins d'être un expert en politique extérieure, d'avoir lu des ouvrages sur la question, il est difficile de distinguer le vrai du faux, le mensonge de la vérité, de cerner les contradictions du discours de Richard Perle et des faucons qui assistent Georges W. Bush. Reste un tourbillon d'informations plus édifiantes les unes que les autres, le sentiment qu'un coup d'état économico-militaire se produit chaque jour aux Etats-Unis. Et la peur que ces affaires continuent après les prochaines élections présidentielles.