Mon roi

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Mon roi
France, 2015
De Maïwenn Le Besco
Scénario : Etienne Comar, Maïwenn Le Besco
Avec : Emmanuelle Bercot, Vincent Cassel, Louis Garrel, Isild Le Besco
Sortie : 21/10/2015
Note FilmDeCulte : *****-
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Tony est admise dans un centre de rééducation après une grave chute de ski. Dépendante du personnel médical et des antidouleurs, elle prend le temps de se remémorer l’histoire tumultueuse qu’elle a vécue avec Georgio. Pourquoi se sont-ils aimés ? Qui est réellement l’homme qu’elle a adoré ? Comment a-t-elle pu se soumettre à cette passion étouffante et destructrice ? Pour Tony c’est une difficile reconstruction qui commence désormais, un travail corporel qui lui permettra peut-être de définitivement se libérer …

TOI TOI, MON TOUT MON ROI

Dans son impressionnant Polisse, primé à Cannes il y a 4 ans, Maïwenn s'offrait - un peu maladroitement - un rôle redondant de photographe observant les protagonistes du long métrage. Cette fois-ci, et contrairement à ses trois premiers films, la réalisatrice n'apparaît pas à l'écran. Hormis la bulle plus légère du Bal des actrices, les films de Maïwenn étaient des plongées furieuses dans l'intimité d'une famille ou celle d'un groupe de policiers. La plongée encore plus intime dans le quotidien d'un couple a ici une tonalité différente. On a découvert Maïwenn caméra au poing dans Pardonnez-moi. La distance est plus évidente dans Mon roi, pas seulement parce que la réalisatrice ne fait pas partie de la distribution, mais aussi parce que le film est émaillé de flash-backs. Le procédé aurait pu être une lourdeur, il permet au contraire de mettre en perspective les blessures d'aujourd'hui et la passion d'hier.

Tony, lors d'une ouverture assez surprenante, se détruit le genou sur une piste de ski. Elle va devoir subir une longue rééducation. S'imagine pouvoir remarcher un jour comme s'il n'y avait pas de cicatrices. Evidemment, celles-ci resteront comme toutes les traces du passé. Bien avant son accident, Tony rencontre Georgio et leur passion débute en une étincelle - on baise dans le vacarme des casseroles et tout semble trop beau pour être vrai. La passion va cramer les héros de Mon roi, et c'est précisément l'excès, récurrent dans le cinéma de la réalisatrice, qui empêche Mon roi de glisser dans le tout-venant des petites histoires de couples du cinéma français.

La relation de Tony et Georgio est extrêmement vivante, elle palpite à l'écran comme un coeur. On ne sait ce qui tient de la justesse d'écriture de Maïwenn et de son coscénariste Etienne Comar (Des hommes et des dieux), de la caméra vive de Claire Mathon, de l'improvisation ou non d'Emmanuelle Bercot et de Vincent Cassel, tous les deux formidables - mais le cocktail prend admirablement. Même si l'histoire est vécue par Tony, que le point de vue du film est son point de vue à elle, Mon roi connait la nuance. Le personnage de Georgio est un séducteur et hâbleur royal, un player qui peut rapidement tourner au vieux gars ou à l'attention whore. Mais qui a sa pudeur aussi. Maïwenn laisse plus de mystères à ce personnage mais ne construit pas un affrontement binaire. Derrière l'histoire vibrante de couple qui se délite, elle offre à Bercot un rôle complexe, humain et poignant, de femme qui apprend malgré elle que la douleur n'est pas utile.

par Nicolas Bardot

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