Moi, toi et tous les autres
Me and You and Everyone We Know
États-Unis, 2004
De Miranda July
Scénario : Miranda July
Avec : Ellen Geer, John Hawkes, Brad William Henke, Miranda July, Jordan Potter, Brandon Ratcliff
Photo : Chuy Chavez
Musique : Michael Andrews
Durée : 1h30
Sortie : 21/09/2005
Christine, artiste, rencontre Richard, vendeur de chaussures, divorcé et père de deux enfants. Elle l’aime déjà. Autour d’eux gravitent un collègue grivois, des adolescentes pressées de grandir, une galeriste hautaine…
LA PARENTHESE ENCHANTEE
Moi, toi et tous les autres invite aux additions, aux courriers contre-indiqués, aux associations insolites, à tout âge, à toute vitesse, avec la franchise et la maladresse des premières fois. Miranda July, démultipliée, devant et derrière la caméra, se jette à l’eau, enveloppe de sa voix mal assurée ses histoires culottées mais sans perversion. Les enfants jouent aux adultes, les adultes retombent en enfance, les poissons rouges ont droit à leur oraison et le petit oiseau peint tarde à sortir de son cadre. Le décalage est roi. Cendrillon aux talons égratignés, Christine part traquer son chausseur, se confie simplement, prend ses rêves pour la réalité et voit le monde d’un œil très torve ou très éveillé. Miranda July ne voit pas la distance, ne mesure pas les dangers. Avec elle, les situations les plus glissantes trouvent une issue comique, les passerelles bancales et les dialogues de sourd un parfait terrain d’entente. La glue cimente une relation, un panneau fléché y met un terme. Souvent chahuté, Moi, toi et tous les autres se révèle moins un film choral qu’une mosaïque de sons, de couleurs et de superpositions astucieuses. Un portrait de famille sous forme de cadavre exquis, où chacun contribue à l’histoire et l’étoffe de ses inspirations. On écrit et on réalise ses vœux, on choisit sa moitié et l’élu se retrouve aussitôt à nos côtés. Miranda July réussit de jolies installations, parfois surlignées, mais d’une touchante témérité.
En savoir plus
Moi, toi et tous les autres a été distinguée par la Caméra d’or au Festival de Cannes 2005. Depuis le mois d'avril, la réalisatrice tient un blog richement illustré dans lequel elle retrace le parcours médiatique du film. On y retrouve aussi des témoignages, des clips et des impressions cueillies sur le vif.