Moi César, 10 ans ½, 1m39
France, 2003
De Richard Berry
Scénario : Eric Assous, Richard Berry
Avec : Joséphine Berry, Jean-Philippe Ecoffey, Anna Karina, Mabo Kouyaté, Jules Sitruk, Maria de Medeiros
Durée : 1h31
Sortie : 09/04/2003
César évolue dans l'âge ingrat des enfants, partageant sa vie entre son meilleur ami Morgan, son amie Sarah, qu'ils se disputent, ses parents et leur autorité à laquelle il souhaiterait échapper, ainsi que tout ce qu'un enfant de dix ans et demi doit traverser...
Après un premier essai raté avec L'Art (délicat) de la séduction, qui nous permit cependant de découvrir la déjà prometteuse Cécile de France, Richard Berry signe ici son deuxième film en tant que réalisateur avec un peu plus de succès. Cependant, le film n'est pas entièrement réussi pour autant. Le réalisateur peine à réellement capturer l'esprit d'un garçon de dix ans et ses vues sur son environnement, celui qu'il croit déjà connaître, celui qu'il découvre pourtant jour après jour, malgré des techniques adoptant le point de vue subjectif du protagoniste principal. Berry situe donc sa caméra à la hauteur d'un enfant, mais plutôt que de garder le cadre constamment concentré sur son principal sujet (procédé employé par Spielberg notamment), il multiplie les contre-plongées représentant des adultes qui regardent en bas, droit dans l'objectif. La mise en scène devient tout de suite trop appuyée, trop voyante, comme si elle trahissait l'artifice de façon flagrante. A l'inverse des cartoons qui coupaient toujours le corps des "grandes personnes", ne laissant apparaître que leurs jambes et un doigt réprobateur, on n'est jamais immergé dans l'univers de l'enfance. On ne demandait pas E.T., mais bon…
Néanmoins, la principale caractéristique de ce parti-pris est en réalité la voix off omniprésente de César (interprété plutôt justement par le jeune Jules Sitruk). De ce point de vue-là aussi, cela s'avère assez inégal: le monologue intérieur de l'enfant est tantôt amusant et bien écrit, tantôt maladroit et trop explicatif. Il semble malheureusement que les scénaristes n'ont su réellement se mettre à la place de l'enfant et paraissent s'adresser aux spectateurs plus âgés à travers ce soliloque. D'ailleurs, on remarque une certaine naïveté et il ne s'agit pas là de celle, naturelle, d'un bambin mais de celle qui caractérise le regard sur l'enfance, époque trop lointaine, des adultes. La pensée est donc bien trop innocente pour ces pré-pubères. On ne demandait pas Les Lois de l'attraction, mais bon…
Outre cette identification disparate, le scénario s'impose une intrigue qui, au lieu de servir de prétexte à l'exposition du monde à travers les yeux d'un enfant, arrive comme un cheveu sur la soupe tant elle jure avec la première moitié. Jusque là, le film se cantonnait à de la comédie simple mais acquiert alors des prétentions qu'il ne peut assurer et se conclue sur une moralité banale. Ce voyage, tardif dans le film, qu'entreprennent les personnages (et le long métrage) n'aborde jamais le thème (capital à cet âge) de l'initiation, et se révèle, à l'instar de la caractérisation des adultes mais à un degré moindre, caricatural et donc assez peu crédible. On ne demandait pas Stand by Me, mais bon… En somme, c'est plutôt dommage car le film recèle de quelques bons moments, lors de scènes qui évoquent agréablement des souvenirs communs à chaque spectateur, mais ces instants demeurent rares. Berry ne parvient pas toujours à entrer en contact avec cette parcelle de notre âme et de notre mémoire et son sens de la caméra n'est pas encore très affûté, même s'il réserve une ou deux bonnes idées visuelles.