The Mist

The Mist
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Mist (The)
The Mist
États-Unis, 2008
De Frank Darabont
Scénario : Stephen King d'après Brume
Avec : Marcia Gay Harden, Laurie Holden, Thomas Jane
Durée : 2h17
Sortie : 27/02/2008
Note FilmDeCulte : *****-
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David Drayton et son jeune fils Billy sont bloqués dans un supermarché, entouré par une étrange brume. Alors que tous les clients, enfermés, essayent de cohabiter dans le calme, David se rend compte que le brouillard est habité par des créatures étranges... La seule façon de s'en sortir pour les " prisonniers ", s'unir. Mais qu'est-ce qui est le plus effrayant : les monstres rôdant aux alentours du supermarchés, ou les êtres humains à l'intérieur ?

NUIT ET BROUILLARD

Difficile, malgré son écriture qualifiée abusivement de cinématographique, de transposer à l'écran les nouvelles et les romans de Stephen King. Les échecs sont nombreux, surtout parmi la floppée de téléfilms tirés de l'œuvre de l'écrivain le plus célèbre du Maine, et Mick Garris, Mark Lester, Lawrence Kasdan, et bien d'autres s'y sont déjà cassés les dents. Il demeure bien quelques réussites, dues principalement au processus de fabrication du film : Brian de Palma choisit de bouleverser la narration de Carrie ; Mary Lambert colle au plus près au scénario de l'écrivain pour Simetierre ; Stanley Kubrick ne conserve du roman Shining que l'axe principal ; John Carpenter et surtout Lewis Teague évacuent la plus grosse proportion de surnaturel pour Christine et Cujo ; David Cronenberg unifie la structure bancale en trois parties de Dead Zone... Sur la centaine d'adaptations, finalement très peu de réussites : il n'est pas évident de trouver le roman le plus à même d'être adapté, tant le King a tendance à s'étirer dans des descriptions psychologiques et des univers fantaisistes. Difficile, sur deux heures, de compresser des œuvres qui peuvent atteindre 900 pages, ou d'étirer au contraire de courtes nouvelles qui se limitent bien souvent à un concept. Après les réussites artistique (Les Evadés) et commerciale (La Ligne verte) de ses deux premiers films, Frank Darabont réédite l'exploit... A croire que Stephen King a finalement trouvé en Darabont un cinéaste susceptible de déceler dans son œuvre les nouvelles qui se prêtent le mieux à l'adaptation cinématographique.

Comme Les Evadés et La Ligne verte, The Mist est tiré d'un texte (Brume, issu du recueil du même nom) trop long pour être une nouvelle, trop court pour être un roman. Un format bâtard, mais qui se prête parfaitement à l'adaptation, permettant un approfondissement des personnages et une pleine exploitation de la trame principale. Nul besoin ici d'étirer au maximum son histoire à l'image d'un Chambre 1412. Darabont colle à la nouvelle, extrapolant légèrement, explorant l'univers de King, approfondissant les caractères et la psychologie... La menace intérieure, celle qui vient de l'être humain, en réponse à l'hostilité d'un environnement inconnu (ici une brume qui abrite une porte vers un autre monde), voila ce qui intéresse le cinéaste et qu'il parvient à transposer à l'écran de manière saisissante. Rarement l'effet de masse aura été aussi bien rendu qu'ici, sauf bien entendu dans la saga des morts-vivants de Romero, à la thématique similaire. Nihiliste au possible (bien plus que la nouvelle), The Mist ne laisse guère d'espoir en l'Humanité, et la description qui est faite de la lente dégénérescence des rapports humains laisse un arrière goût amer. Ce qui contraste fortement avec l'humanisme des deux précédentes adaptations de King par Darabont. Autre surprise, la mise en scène du réalisateur, proche de l'académisme dans ses métrages précédents, se fait soudainement nerveuse, privilégiant la caméra à l'épaule et les travellings violents. La terreur des personnages, l'horreur de la situation, Darabont les retranscrit jusque dans ses mouvements de caméra qui donnent au film un aspect documentaire, pris sur le vif, là aussi très proche de La Nuit des morts-vivants de Romero. Stephen King a finalement trouvé son double filmique. Il aura mis trente ans.

par Anthony Sitruk

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